Articles de Avril 2004

Sur le quai de la gare de Lyon, à Paris, le Japonais qui demande un renseignement dans un Anglais hésitant, s'est adressé au premier venu. Et se fend juste d'un "thank you" en guise de remerciement au "frenchie", alias Stéphane Barin, qui parlait mieux que lui la langue de Shakespeare. Stéphane monte alors dans le TGV, entre deux matchs de la finale dont il est le consultant pour Eurosport. Un consultant d'un style un peu particulier, lui le Grenoblois d'origine, l'un des meilleurs joueurs que les Brûleurs aient formé, également titulaire une saison durant à... Amiens avant de réussir une brillante carrière en Allemagne. Désormais entraîneur-joueur du Mont-Blanc, en litige ouvert avec la fédération (un de plus) pour l'accession en Super 16, et "membre" de plus en plus actif de l'AAHF (l'Association pour l'Avenir du Hockey Français opposée à Didier Gailhaguet), il porte un regard lucide sur la finale. Et s'il se refuse à livrer le nom de son favori -"mes amis savent ce que j'en pense"- il a apprécié le jeu picard mercredi soir. "Ils ont dominé tous les compartiments du jeu" dit-il entre deux soubresauts ferroviaires. "Physiquement, au niveau du patinage mais surtout, ils ont évolué en équipe. Grenoble s'est montré moins solidaire, seules les individualités ont tenté de faire la différence. Mais on ne gagne pas une finale ainsi".

Lui qui avait failli (re)signer aux Brûleurs à la présente intersaison, ne veut pas donner de conseils à son ami Gérald Guennelon: "si j'avais la science infuse oui, mais ce n'est pas le cas. Et puis je suis sûr que Gérald trouvera les mots et les idées pour motiver ses hommes. Sur leur glace, ils doivent mettre ce grain de folie supplémentaire, tout lâcher et surtout, se présenter plus souvent devant Mindjimba. Shooter, travailler pour les rebonds car j'ai senti le gardien picard fébrile par moments. Mais je le répète, ce sont les 20 acteurs amiénois qui ont remporté la première manche, ils étaient tous impliqués, eux."

Six ans auparavant jour pour jour, ce n'est pas en train que Barin revenait d'Amiens. Mais dans le car grenoblois de retour festif sur les bords de l'Isère après un titre conquis en prolongation au Coliseum picard. "Je connais bien ce banc, ce vestiaire et je me souviens surtout, en tous cas pour ce que je m'en rappelle, de l'après-finale... ". Et pour l'ultime match de ce soir, Stéphane Barin se livre au petit jeu des pronostics, sans se défiler: "je verrais bien un match nul 2-2 et Amiens champion. Mais ça va pousser fort sur la cage amiénoise et, bien que dominés mercredi, les Grenoblois ont été tout près du hold-up sur la fin. Alors... " 91, 98... Deux faits de gloire accomplis par deux Grenoblois seulement : Gérald Guennelon et Stéphane Barin. Ce soir, l'un coachera, l'autre commentera. L'histoire les réunira-t-elle à nouveau ?