Articles de Avril 2004

Avant de retrouver l'ivresse d'une finale de championnat, Grenoble est passé par tous les états. L'euphorie des premières heures, le cataclysme des secondes et le renouveau patient après un purgatoire. Petit tour d'horizon dans le rétro.

1998-1999: Le 7 avril de la saison précédente, Grenoble remporte son quatrième (et toujours dernier) titre en Picardie. Un mois plus tard, le président de l'époque, par ailleurs président de la défunte ligue "indépendante" de hockey et directeur de Grand'Place, est mis en examen et incarcéré quelques jours dans une affaire extérieure au monde sportif. Rapidement, les départs s'enchaînent dans l'équipe championne. Les ex-tenanciers du club, Jean-Jacques Bellet et Thierry Lichtenberger, reviennent pour essayer de sauver le navire. Malgré leurs efforts, le redressement judiciaire se mue en liquidation, après une saison sportive pourtant exceptionnelle, marquée par une cinquième manche en demi-finale (perdue) face à Amiens (décidément!). Une année où les Brûleurs de loups s'illustrent particulièrement en ligue des champions européenne. Vainqueurs à l'extérieur et à domicile de Fribourg, ils deviennent la première équipe française à gagner une rencontre dans cette épreuve aujourd'hui disparue. Josef Podlaha remporte le titre de meilleur buteur du championnat (53 points).

1999-2000 : Grenoble a coulé. Rétrogradés en division 3 - le plus bas niveau - ils accomplissent une année sans souci. Des joueurs d'aujourd'hui, seul Xavier De Murcia fut de l'aventure, les autres trouvant refuge aux quatre coins de l'Europe et notamment à Milan intégré au championnat de France selon un souhait fédéral que le ministère ne validera jamais... Quelques scores marquant la parsèmeront, tel un 36-1 contre Roanne ou 29-0 face à Albertville! En fin d'année, sur la glace, Grenoble gagne son billet pour la D2.

2000-2001 : Un tour de passe-passe permet à Grenoble de réintégrer l'élite française. La ligue étant fermée (comme en NHL si l'on peut dire), les équipes accèdent au meilleur niveau sur dossier. Celui présenté par Jean-Luc Blache, adjoint aux sports à la ville d'Echirolles, est accepté par la mairie de Grenoble puis la FFSG. Place forte du hockey hexagonal, futur pensionnaire d'un outil flambant neuf (Pôle Sud), les Brûleurs retrouvent un visage coutumier, avec le retour des Bachelet, Bonnard, Agnel, Rolland... A leur tête Dimitri Fokine, ancien coach du hockey mineur grenoblois et Jean-Philippe Lemoine directeur sportif. Pour son retour, Grenoble réussit un coup de maître. Sixièmes de la saison régulière, ils sortent en quarts de finale le favori amiénois (ils ne se quittent jamais...) en quatre manches. En demi-finale, un Pouget astronomique permet aux Isérois de revenir à deux victoires partout face à l'ogre rouennais. La cinquième manche leur fut fatale. Grenoble s'empare de la 3e place ensuite au détriment de Reims.

2001-2002: Pour leur première saison à Pôle Sud, les relations équipe-entraîneur commencent à sérieusement battre de l'aile. Tout comme un championnat famélique à sept équipes, avec une formule illisible en triple aller-retour. Longtemps à la lutte pour le titre, Grenoble perd contact avec la coupe Magnus un soir de mars à Reims, l'un de ses concurrents principaux. Les Brûleurs mèneront 3-0 après dix minutes de jeu... avant de s'effondrer totalement. Et leur 3e place sur le podium n'est qu'une maigre récompense aux efforts de Vuoti, Suvanto, Pouget (nommé meilleur joueur du championnat) et autres Guillemard, qui possédaient sans doute le plus bel effectif, mais de loin le pire des styles de l'élite. Qualifiés pour la coupe continentale cette année-là, les Brûleurs franchissent le premier tour (à quatre formations) par miracle et s'inclinent en quarts de finale.

2002-2003: Le championnat oublie sa fragilité pour s'élargir à quinze équipes. Non sans baptiser cette élite "Super 16". A quinze... Bref. Grenoble a conservé Fokine et la saison sera fort douloureuse au sein d'un groupe en opposition totale avec son coach. Sans système établi, les Brûleurs de loups -privés de Pouget suspendu une saison pour contrôle positif au cannabis - se qualifient pour la deuxième phase. Une phase entre huit équipes et seulement quatre places de play-off (la vraie bonne formule malheureusement restée ensuite dans les cartons poussiéreux des instances nationales). Grenoble arrache de haute lutte cette quatrième place mais se fait étriller en demi-finale par Rouen (3 manches à zéro).

2003-2004: Meilleure attaque, meilleure défense, premier de la première et deuxième phase, intouchables en quarts puis en demi-finale. Et vaincus en finale les Brûleurs. C'est aussi ça le sport. Ça en fait sa beauté.

De Murcia le rescapé

L'attaquant de Grenoble, Xavier De Murcia, remplaçant hier soir, est le seul Grenoblois à avoir porté le maillot des Brûleurs de 1998 à aujourd'hui. Jeune joueur à 20 ans des Brûleurs de loups, et même s'il ne participe guère au titre en avril 98, il obtient ensuite du temps de glace en 98-99 sous les ordres de Jaroslav Jagr. Mais en novembre, il est victime d'un terrible accident de voiture qui lui vaudra plusieurs opérations lourdes et une rééducation de quasiment un an. Revenu sur des patins en division 3, il mènera une équipe partagée entre juniors et vieux briscards amateurs, au titre D3.

Trait d'union de ces années, Xavier De Murcia, à 26 ans, a disputé 33 matchs cette saison, pour cinq buts et sept passes décisives.