Articles de Avril 2004

Gérald Guennelon avait raison. A son corps défendant. Oui, Amiens était bien le favori du championnat, nonobstant son parcours en dents de scie en saison régulière. Ces Picards avaient pour eux l'expérience, la science de l'instant-clé. Et un double sentiment de revanche à prendre sur le sort. D'abord sur ces Brûleurs qui, en Picardie il y a six ans, leur avaient joué un mauvais tour en finale. Ensuite, Amiens avait encore en travers des crosses son échec aux tirs au but l'an dernier à ce même stade de l'épreuve face à Rouen.

Les Picards avaient trop de raisons de s'imposer pour ne pas laisser échapper "leur" finale. Celle que les Brûleurs de loups quêtaient depuis le 13 septembre dernier et leur première victoire, qui en appela tant d'autres. Alors bien sûr, les larmes affleuraient sur les visages de ces Grenoblois tous réconfortés par leur coach sitôt la coupe apportée sur un plateau aux Amiénois. Les hommes de Richer la méritaient vraiment, parce que leur jeu fut un régal d'efficacité, de sérieux et les Grenoblois s'y sont cassé les dents durant les 120 minutes de ces deux manches.

Un courage hors normes

Pour autant, et même si les acteurs grenoblois avaient, à chaud, le cœur gros, ils auront tout loisir ce matin, au sortir d'une nuit peut-être difficile, de regarder leur parcours avec fierté. Car ils ont traversé l'année avec un courage hors normes. Même décimés par les blessures - ah! si Meunier et Bonnard avaient joué cette finale... - cette année restera gravée dans les mémoires à défaut de l'être sur les tablettes du palmarès. En déployant des trésors d'énergie, en permettant à des jeunes comme Christophe Tartari d'exploser en pleine lumière, ils ont posé des jalons pour l'avenir. C'est en sachant d'où l'on vient que l'on mesure le mieux le chemin parcouru.

Et les Brûleurs de loups, depuis leur retour en élite il y a quatre ans, n'avaient jamais grimpé plus haut que la troisième marche du podium. Evidemment, la frustration née de ce double échec "finale" (de la coupe puis du championnat) hantera certains de leurs cauchemars. Bien sûr, cette incapacité à maîtriser l'événement pèsera dans leurs esprits au moment où chacun regagne ses pénates pour une longue intersaison. La semaine prochaine, les étrangers retrouveront leur mère-patrie, les Français goûtant du repos ou une dose d'effort supplémentaire pour les internationaux. Le bilan, Gérald Guennelon le tirera ces prochains jours en esquissant son futur effectif. Une

équipe qui devrait ressembler à s'y méprendre à l'actuelle, avec probablement deux à trois départs par secteur de jeu et des retouches pour muscler l'ensemble et l'homogénéiser, histoire de le calquer sur ce qui a constitué la force des Picards.

Mais on rappellera aux déçus qu'Amiens disputait hier sa cinquième finale en huit ans, pour seulement deux titres. Et qu'ils ont appris de la défaite pour construire. Si l'on travaille plus facilement au jour le jour dans la victoire, on progresse aussi quand on parvient à surmonter la difficulté.

L'an prochain, la revanche animera les rangs grenoblois. Avec la coupe d'Europe en prime. Oui, c'était une belle saison. Il a manqué une petite conclusion. L'an prochain ?