Articles de Avril 2004

Pour un peu, on se croirait en avril 2003. Lors de la finale du dernier exercice qui mit aux prises Amiénois et Rouennais. Vainqueurs 4-2 dans leur Chaudron des futurs champions de France l'année dernière, les Gothiques ont une nouvelle fois pris l'avantage sur leur adversaire à l'issue de la première manche mercredi soir.

Mais l'analogie s'arrêtera là pour le coup. Car psychologiquement, les Picards n'abordent pas du tout cette dernière ligne droite de la même façon. Les leçons du passé, il faut le dire, obligent les Amiénois à la plus grande vigilance. Cinq fois finalistes, mais une seule fois titrés, les hommes d'Antoine Richer ne sont que trop avertis. "Nous n'avons fait que le plus facile, soutient même Denis Perez. Il ne faut pas tomber dans l'euphorie, la vraie finale, c'est ce soir." Le défenseur amiénois est bien trop expérimenté pour aller s'enflammer après la première victoire acquise mercredi. "Ce qui m'inquiète en réalité, c'est que mercredi, nous n'avons pas vu le vrai visage grenoblois, poursuit Antoine Richer. Ils ont été bien moins incisifs et je redoute qu'ils ne se réveillent vraiment ce soir."

Amiens la joue prudente, très prudente même, au point de laisser un petit goût amer dans la bouche des supporters picards mercredi. Pour le dernier match de la saison au Coliseum, les quelque 3500 spectateurs amiénois auraient aimé un tour d'honneur de leur équipe. Pour les remercier quoi qu'il advienne de cette saison et aussi pour les encourager un peu plus avant l'ultime bataille. Pas question rétorque le staff amiénois. "C'est un mélange de conscience professionnelle, de respect pour nos adversaires mais aussi de superstition, explique Richer. Une finale qui se joue en deux manches ne doit pas être célébrée au soir de la première confrontation, c'est contraire à l'éthique. Les gens ont été déçus, mais je pense qu'au fond ils nous ont compris."

On a bien vu que les Picards ne veulent plus se faire prendre au jeu de l'anticipation. Toutefois, avant cette première manche, une donnée restait inconnue. D'un côté une équipe, Grenoble, qui n'a pas perdu un seul match de play-off, et de l'autre, Amiens, qui a frôlé l'enfer de très près en allant au terme des cinq matchs de son quart de finale face à Dijon. Alors, l'ascendant psychologique, semble-t-il aurait dû aller du côté des Brûleurs de loups. D'autant que les Grenoblois présentaient la meilleure fiche de l'ensemble de la saison régulière. Mais une bête blessée à ce point ne connaît que trop bien la sensation douloureuse d'avoir frôlé la trappe. Résultat, ce sont les Picards qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu. "Depuis que nous avons failli quitter la course en quart, nous avons vraiment pris conscience de notre niveau de jeu, note le gardien Antoine Mindjimba. Ça nous a ouvert les yeux. " Une idée relayée par Denis Perez... "On s'est fait tellement peur que ça nous a finalement servi. Nous étions au pied du mur et nous nous en sommes sortis. Grenoble n'a pas été bousculé en play-off et quasiment pas en saison régulière. Nous, nous avons dû apprendre à nous transcender et on sait désormais gérer les moments difficiles."

Grâce, ou à cause d'une formule de championnat pour le moins aberrante, on pourrait presque dire que le match de mercredi n'a pas de sens. Car c'est bel et bien le gagnant de ce soir qui sera champion. Résultat, on remet quasiment les compteurs à zéro. Amiens est si souvent passé à un cheveu de la coupe, notamment et surtout l'an dernier face à Rouen, qu'on voit mal comment il pourrait laisser filer cette opportunité. Mais là encore, le sport réserve toujours des surprises, et parfois même de grands renversements de situations. Mais si, demandez à Zidane et Figo...