Articles de Octobre 2005

Souvent pointé du doigt durant la lente descente aux enfers des Scorpions, Jean-Pierre Walter, l'adjoint chargé des sports, tient à remettre "l'église au centre du village" en rappelant certaines vérités. Si le style est parfois très direct, il a le mérite d'être clair.

- Quelle est aujourd'hui la position de la ville par rapport au hockey mulhousien ? Certains reprochent à la municipalité d'avoir "lâché" le club !

- Il faut d'abord faire le distinguo entre le hockey et le hockey club de Mulhouse. Aujourd'hui, le HCM est virtuellement en dépôt de bilan. Paul Heyberger a déposé les comptes du club auprès de la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Mulhouse. Il parle d'une démarche comptable normale... certes, mais il faut appeler un chat un chat : il dépose le bilan. La dette cumulée n'est pas remboursable !

Tant que nous n'aurons pas de la part du tribunal les attendus d'un juge, qui décidera de placer un administrateur judiciaire pour gérer les comptes du club ou tout simplement de mettre le club en cessation de paiement puis en liquidation judiciaire, la ville ne peut engager une subvention. La loi est claire à ce niveau là. La collectivité n'a en aucun cas le droit de subventionner un club ou une association pour rembourser une dette. Il s'agirait là d'un soutien abusif à une association en potentielle situation de dépôt de bilan. Là il n'est pas question de sauver quoi que ce soit.

- La dette du club s'élève à 290 000 €, le président avait pourtant trouvé le soutien des banques et d'une association prête à donner 170 000 € pour apurer le passif.

- Oui effectivement, mais c'était dans la perspective d'un redémarrage en Ligue Magnus, pas d'une rétrogradation en D3. Et puis la dette est loin dette bouclée. Le club est actuellement soumis à un contrôle fiscal et il est à priori fort probable que dans la foulée il y ai un contrôle de l'URSSAF (Ndlr : les droits à l'image s'élèveraient à 200 000 €).

Et puis n'oublions pas que Paul Heyberger avait aussi rendez-vous avec son avocat lundi après-midi aux Prud'hommes pour une conciliation. Il a préféré venir nous rencontrer ce jour là accompagné d'une délégation qui manifestait devant la mairie (Ndlr : le président doit répondre à la procédure lancée par cinq ex-Scorpions pour rupture de contrat de travail. L'affaire a été renvoyée au 6 décembre). Il a encore tous ces problèmes à régler.

Un appel du pied à l'ADHM

- Quelles sont les solutions envisageables aujourd'hui pour sortir de l'impasse ?

- Nous avons exigé de Paul Heyberger un véritable projet sportif incluant évidemment les deux équipes, celles du HCM et celle de l'ADHM (Ndlr : Association de développement du hockey mineur).

À un moment, il faut arrêter de nous faire tourner en rond, nous voulions un projet commun sur une équipe étant entendu que l'ADHM est aussi en difficultés financières. Une situation qui est liée au fait qu'entre les deux clubs il n'y ai pas de convention écrite et qu'ils se doivent de l'argent. Nous ne rentrons pas dans ces considérations. Si demain je n'ai plus qu'une seule structure en face de moi, sans menace de dépôt de bilan, nous pourrons trouver des solutions.

L'ADHM n'est pas forcément dans une situation financière catastrophique. Le trou se monte à peine à 15 000 € et l'association pourra percevoir sa subvention. Si l'ADHM présente un projet ambitieux on peut envisager que le hockey continu de vivre à Mulhouse. Aujourd'hui, il faut tout remettre en place, repartir en D3, comme l'avait fait à l'époque Claude Bauer, et reconstruire.

- La ville n'a t-elle pas trop tardée à se positionner, laissant "pourrir" la situation ?

- Il faut arrêter de dire n'importe quoi. Lorsque les Scorpions sont champions de France, c'est grâce au club. Lorsque qu'ils se cassent la figure, c'est de la faute aux collectivités.

Nous avons tout fait pour sauver le hockey en Ligue Magnus. Je suis allé personnellement avec Paul Heyberger chez les banquiers... apportant une caution morale. On a mis une grosse pression sur les instances fédérales. Les trois collectivités territoriales (Ville, Département et Région) étaient prêtes à verser une subvention exceptionnelle de 40 000 € chacunes.

N'oublions pas que c'est tout de même le HCM qui est allé en appel, qui a interpellé le CNOSF (Comité national olympique et sportif français). Je n'ai rien retardé du tout. Et tant que l'on ne connaissait pas la position définitive de la Fédération française des sports de glace, que vouliez-vous que la ville fasse ?

Ne pas mélanger foot et hockey

- L'ADHM a, semble-t-il, des velléités à engager une équipe en D3 arguant du fait que sa vocation première reste la formation des jeunes.

- Il n'y a qu'au hockey que j'entends cela. Au football, la subvention de la ville va du plus haut niveau jusqu'au plus petit. Si le club présente un projet, avec un volet formation, nous savons exactement comment subventionner chaque partie. Nous savons ce que coûte une équipe en D3, entre 15 et 30 000 €. Nous sommes dans un championnat amateur avec cinq équipes engagées dans la poule... cela ne vaut pas 80 000 €. Nous ne sommes pas là pour financer des joueurs mercenaires et encore moins pour rembourser une dette.

- Il fut un temps où la ville avait pourtant largement soutenu le football au plus mal financièrement !

- C'est faux que cela soit pour le football ou le basket. Lorsque ces clubs sont repartis au plus bas de l'échelle, ils ont perçu les subventions en rapport. L'an dernier par exemple, lorsque le foot est tombé d'une division, nous avons supprimé 20 % de la subvention.

Maintenant je tiens aussi à rappeler qu'il ne faut pas confondre foot et hockey. Des millions de personnes sont concernées par le football. Je reste convaincu que le hockey continuera de vivre à Mulhouse, il faut juste trouver des dirigeants qui ont envie de poursuivre l'aventure...