Articles de Octobre 2005

Sur la glace de Vegapolis, les générations de hockeyeurs croisent la crosse avec fierté. Ils ont rarement l’occasion de patiner ensemble mais partagent le même esprit d’équipe, le même goût pour l’équipement. Fabrice Agnel, portier de la une avec Yann Auzeby et Martin Forslund, a fait ses comptes. Il porte une vingtaine de kilos sur les épaules.

Avec ça, contrairement aux idées reçues, « c’est peut-être dans les cages que ça craint le moins ». Protégé de surcroît par une règle stricte. « On ne touche pas au gardien. » Les coéquipiers se chargeant de le rappeler au téméraire qui voudrait pousser trop loin le palet…

Avec un tel barda, la capacité de déplacement est une qualité recommandée. « On s’est aperçu à un moment que 80% des tirs partaient à moins de 60 cm du sol, alors, on s’est adapté en jouant bas (jeu papillon). Ca a tenu deux ans avant que les attaquants ne frappent en hauteur. Il y a comme ça des courants et des types de gardien. » Fabrice Agnel a été élevé à Grenoble, à la sauce équipe de France. Un contraste par rapport au n°3 des Vipers, Yann Auzeby, qui a débuté dans les buts à 24 ans.

« Ma bible, ce fut une cassette vidéo, « Le dernier rempart » », à l’image de ces combattants qui, un jour, prirent Bruce Lee pour maître. « L’important, selon Fabrice Agnel, est de se connaître soi. De savoir ce qu’on est capable de faire sur la glace. Minot, on apprend la technique. On répète les mouvements mais, après, il faut jouer avec la tête. » La pression de l’adversaire, du public, du poste, celle que craint encore Yann Auzeby, « ça se travaille. Tout match est bon à prendre, il apporte de l’expérience. » Et de la confiance.

Dans les vestiaires de Vegapolis, les petits regardent leurs aînés avec envie. Les mêmes tics, la même charge sur le dos, la même définition du « poste à part ». Un sport individuel dans un milieu collectif. « Quoi qu’il arrive, on est différent. » Qu’on les prenne pour des fous passe encore mais que l’on parle de « bête et méchant ». « Moi, j’ai fait gardien parce que j’avais la flemme de patiner », sourit Thomas, benjamin et sept saisons derrière lui. Tanguy, lui, pour être « une pile dans le moteur. Tu te donnes à fond car il n’y a qu’un gardien sur la glace. C’est cette concurrence qui me stimule ». « Je leur tire mon chapeau », lance Agnel à ses cadets. Comme tous les joueurs de champ qui ne commencent et n’arrêtent jamais un match sans une tape sur la tête de leur portier. Respect.