Articles de Octobre 2005

Gare de Tours. Un visage d’enfant sage. Un grand garçon lesté d’un sac d’école et d’un ordinateur. En fin de semaine, Enguerrand Guilbert est en transhumance entre son lycée châtelleraudais et son port d’attache tourangeau.

Un élève passe-partout, s’il n’y avait le hockey sur glace et la trompette, deux passions qui oxygènent des études de bac pro en maintenance de l’audiovisuel.

Enguerrand a laissé tomber (momentanément) l’harmonie municipale de Chambray et quinze ans de trompette, trop accaparé par les études et le hockey.

La descente aux enfers de l’ASGT du Super 16 en D 2 n’a pas fait que des malheureux. L’arithmétique est simple, vieille comme le monde : budget en baisse, moins de moyens, de joueurs chevronnés et d’étrangers donc davantage de jeunes du coin appelés à la rescousse.

Ils sont sept juniors à avoir pris du galon. « J’ai participé au camp d’entraînement. Bob Millette taffe énormément sur la vidéo, sur les systèmes de jeu. Un sacré bosseur. On apprend tout le temps avec lui. »

Première difficulté : le coach explique en anglais car la légion slave et canadienne est importante. « Mon anglais est basique mais on saisit à peu près. Et puis, on copie... »

Deuxième difficulté : surbooké au lycée, Enguerrand ne s’entraîne qu’une heure tous les quinze jours.

« Je fais de la muscu, mais bon, ça ne vaut pas la patinoire. »

Cette semaine, vacances scolaires obligent, il rattrapera le temps perdu. Patinage tous les jours, sans oublier la chantilly sur la glace mercredi, avec la venue d’Angers.

« On attend impatiemment le rendez-vous. La patinoire sera pleine. Angers, c’est du super 16, ça va plus vite et ça met plus de rythme que nous. Mais on va leur compliquer la vie.

Bob Millette les connaît bien. On les a battus en quart de finale de la Magnus la saison dernière, il va nous sortir un plan. »

Enguerrand a bien écouté la leçon de Bob. Il la récite, en bon lycéen : « Il faut qu’on reste concentrés et surtout qu’on évite la prison. Trop d’infériorités numériques nous mettraient mal. »

Heure de gloire, l’autre samedi, Enguerrand a inscrit le premier but de sa saison contre Bordeaux. Il émarge dans la quatrième ligne biberon, celle qu’on sort de la naphtaline pour faire l’appoint. Sur un nuage, il dépeint le tableau de maître.

« Ouelette travaille derrière la cage, me passe le palet que je pousse au fond. »

Le jeune Tourangeau a marqué encore à Toulouse. Et il aimerait récidiver, en donnant la victoire contre Angers, par exemple. Le rêve. Il recevrait les félicitations de son père, coach des benjamins-minimes de Joué, se remémorerait ses débuts sur la patinoire jocondienne, un timbre-poste où le plaisir n’était jamais oblitéré.

Du baby hockey à Joué avant de partir à l’ASGT en minimes, passant du poste de défenseur à celui d’attaquant, Enguerrand a taillé sa route comme un grand. Entre crosse et trompette de la renommée. Sur l’air du « Seigneur des anneaux », musique qu’il travaille consciencieusement.

Mon précieuuuuux...