Articles de Mars 2008

Les mots reviennent inlassablement, toujours les mêmes quand ils parlent de leur ville. Des mots, tels une marque de fabrique, bien plus qu'une spécificité géographique. "Ici, il y a 300 jours de soleil par an" dit-on là haut, avec une certaine fierté, de la sincérité plein les yeux. À l'image des Hautes-Alpes, dont elle est la sous-préfecture, la Cité Vauban vit au rythme des saisons... et du soleil.

Là-haut, on nous dit aussi que le ciel est plus bleu que partout ailleurs dans l'Hexagone. Les habitants de la Ville Haute tiennent à le faire savoir. Briançon est chargée de beau temps, mais aussi d'histoire de France. "On est pénétré par son histoire, c'est une ville orgueilleuse, rebelle et fière. Dans le sport et dans la politique, dans tous les domaines, c'est une ville à part", glisse Alain Bayrou, son maire fraîchement réélu.

Un budget deux fois inférieur à Grenoble

De la Gargouille au Champs de Mars en passant par les fortifications de Vauban, dans les moindres recoins de ses ruelles, Briançon fait dans l'exception. Son équipe de hockey sur glace aussi. Petit poucet au pays de grandes écuries que sont Rouen, Grenoble ou encore Amiens, Briançon défie les lois de son sport comme un astronaute celles de la gravité. Avec un budget deux fois inférieur à celui du désormais ex-champion de France en titre grenoblois, l'équipe a été façonnée pour renverser des montagnes.

Luciano Basile, entraîneur depuis plus de quatre ans, est en grande partie responsable de la croissance briançonnaise, aux côtés du président Alain Bayrou. Avant d'éliminer Grenoble, le technicien italo-canadien insistait. "Individuellement, ils sont plus forts que nous. Mais le physique et l'intensité sont des armes qu'ils n'ont pas." La clé est là. Peu de moyens mais des idées.

La défense, point de départ de tout

Et un collectif construit autour de fidèles lieutenants, que sont le Slovène Edo Terglav, capitaine exemplaire, ou le Canadien Jean-François Dufour, joueur emblématique de la première ligne, également entraîneur-adjoint. Eux savent ce que c'est de se mettre minables.

Ils entraînent dans leur sillage une équipe dont la ligne-directrice prend ses fondements dans une défense qui doit d'être irréprochable. Sébastien Rohat et Benjamin Arnaud en sont la plus belle expression. Le premier, Briançonnais de toujours, le second, Gapençais passé chez le frère ennemi, font partie de l'unité spéciale qui tue les pénalités. À les voir faire le boulot, on comprend mieux que les Diables rouges en soient arrivés là.

Toute une ville derrière ses Diables

Posée à plus de 1300 mètres d'altitude, la ville la plus haute d'Europe est aujourd'hui qualifiée pour la finale du championnat de France. Car c'est bien toute une cité qui se retrouve unie derrière ses Diables rouges. Les soirs de grande affluence, la patinoire René-Froger se remplit de près de 2200 personnes, alors que Briançon ne compte que 12 100 habitants. Le rapport est criant de popularité. Le hockey, c'est plus qu'un sport là haut, c'est une véritable culture, et plus de 70 ans d'un parcours chargé de galères, jamais couronné de grands succès. De l'anonymat de la Division 1 en 2002, Briançon est passé au statut de prétendant à la Coupe Magnus. Après trois finales de Coupe perdues ces quatre dernières années, voilà les Diables rouges aux portes de la gloire.

Invaincu contre Rouen depuis deux saisons

À partir de vendredi, ils vont jouer les notes de la partition la plus attendue de leur histoire. 20 ans exactement après une finale perdue face au Mont-Blanc. En face, se dressera un colosse nommé Rouen, contre qui Briançon n'a plus perdu en championnat depuis deux saisons. Plus que jamais, la défense briançonnaise aura les clés de la réussite. La ville de Briançon est entrée dans l'histoire depuis longtemps. Son équipe de hockey peut marquer celle du hockey français à tout jamais.