Articles de Mars 2004

Avant-hier, la vie du défenseur grenoblois a failli basculer. Dans le mauvais sens. On joue depuis 37 minutes lorsque Gachet met en échec Dino Grossi contre la balustrade. Musclé certes, mais correct. A raison, l'arbitre ne dit rien. Mais Grossi (capitaine de Brest!) n'en reste pas là. Et commet un geste d'une rare violence, d'une rare bêtise aussi. Alors que Gachet s'est replacé devant son gardien et que l'action se poursuit plus loin, l'attaquant brestois "accourt" à toute allure et des deux poings et la crosse, assène par derrière un coup monstrueux à hauteur des cervicales. Le choc est brutal. Gachet s'évanouit debout, s'affale du haut de son mètre 85 la tête la première sur la glace. "Je ne me souviens de rien" nous disait-il hier.

Aussitôt, son adversaire et ami Daniel Kysela, se précipite, suivi par les médecins. A cet instant, Stéphane Gachet est en arrêt respiratoire. Quatre minutes seront nécessaires avant qu'il ne soit évacué sur une civière. Il respire alors, est conscient et peut bouger ses jambes. Transporté à l'hôpital, il y passera la nuit. Verdict : commotion cérébrale avec perte de connaissance. Presque un soulagement.

Sorti du brouillard et de l'hôpital dans la matinée de samedi, Stéphane Gachet visionne alors la vidéo de l’événement (qui sera transmise à la commission de discipline pour la sanction sans doute lourde envers Grossi). "Et là, franchement, j'ai été choqué. Je pensais initialement qu'il s'agissait d'une charge certes illicite, mais pas aussi grave que ça. Car ce qu'il fait, c'est inqualifiable. Il était vexé par la mise en échec, il a réagi comme un gamin avec une vengeance qui a failli me coûter très cher. J'espère que la sanction qui le touchera sera adaptée à la démesure du geste. Rien ne peut excuser ce comportement. La tension monte en play-offs, mais pas pour atterrir à cette extrémité. J'aurai mille fois préféré qu'il vienne me dire en face sa vexation et qu'on s'explique sur la glace avec les poings."

Au bout du fil, la voix de Gachet est encore cotonneuse, tout juste extirpée du cauchemar de la veille. Le Brestois, et ex-Grenoblois en 98/99, n'a pas eu la décence de présenter ses excuses. Seul le président breton, Briec Bounoure, eut ce mot envers Gachet: "il m'a dit qu'il ne cautionnait pas ce geste et qu'il avait été à deux doigts de le virer". Ça ne mange pas de pain.

Le club grenoblois entend aller plus loin que la simple déclaration d'intention. "Il faut que Grossi se rende compte de ce qu'il a fait" soulignait hier le manager alpin Nicolas Tomasini. Quant à Gachet, il pourrait porter plainte devant un tribunal.

Evidemment absent du match d'hier, Stéphane Gachet espère pouvoir rejouer la semaine prochaine au plus tôt, selon les résultats des nouveaux examens qu'il passera demain. En souhaitant que le hockey français, malgré tout l'engagement physique qu'il implique — en quarts de finale le Mulhousien Lionel Bilbao a durement été touché par un Angloy dans un contexte relativement similaire —, ne soit plus le théâtre d'acte de petite délinquance.