Articles de Juillet 2005

Actuellement en vacances dans le Sud de la France, l'ancien président des Scorpions, Claude Bauer, mis au courant des récentes déclarations de Paul Heyberger a souhaité sortir de son silence et répondre à l'actuel patron du HC Mulhouse, dont la rétrogradation en D3 a été entérinée ce lundi.

Claude Bauer, pourquoi avoir choisi ce moment pour prendre la parole ?

Parce que, tout simplement, je crois que l'heure est venue de rétablir la vérité. Tout le monde doit savoir ce qui s'est passé cette année à la tête du HCM. Et je crois surtout que M. Paul Heyberger doit aujourd'hui assumer son titre de champion de France. Et si possible sans me tenir en partie responsable de ce qui arrive aujourd'hui à un club qui a étrangement bien fonctionné les huit années où j'étais à sa tête. J'ai un métier où la réputation est importante. Je veux donc faire la lumière sur toute cette affaire.

Contestez-vous le fait que Paul Heyberger ait pris votre succession avec un déficit de 90 000 euros, puis de 190 000 deux mois plus tard, à la découverte d'éléments cachés sur le bilan ?

Complètement. Tout d'abord, il faut savoir que l'an passé, comme chaque année, mon bilan est passé par un cabinet d'expertise comptable indépendant. Il a été certifié par un commissaire aux comptes et finalement approuvé à l'unanimité lors de l'assemblée générale du club dont le secrétaire de séance n'était autre qu'un certain Paul Heyberger. Il avait une parfaite connaissance des comptes. Lesquels n'avaient d'ailleurs rien d'alarmants puisque le club devait définitivement combler la dernière partie de sa dette à la fin de la saison 2005-2006. Celle-ci était de 350 000 francs. Si j'avais vraiment voulu la masquer, j'aurais fait un emprunt et les comptes étaient à zéro.

D'où provenait cette dette ?

Elle provenait d'un contrôle fiscal intervenu en 2000 ou 2001. Pour une histoire de TVA (Ndlr : le club récupérait l'intégralité de la TVA alors qu'il devait en principe en reverser une partie), nous avons été obligés de tout rembourser. Chaque année, nous remboursions ainsi une part de la somme grâce à des bénéfices. Nous avons gagné 40 000 euros en 2002, 55 000 euros en 2003 et 18 000 en 2004. La Fédération était au courant de cette dette et nous donnait le feu vert chaque saison en sachant que le club jouait parfaitement le jeu. Tout cela figurait dans le prévisionnel de cette nouvelle saison. Quand il a pris le club, le sponsoring était le même que l'année précédente, les subventions étaient également les mêmes. Comme je savais déjà qu'il était imprévisible, j'avais même déjà signé tous les contrats de travail avec les joueurs. La masse salariale était bonne.

La Fédération n'est pas dupe

Le président Heyberger assure qu'une tranche des subventions de la saison suivante figurait déjà dans les comptes et que cela a faussé une partie de la donne...

C'est faux. Depuis huit ans, on a le même modèle concernant la prise en charge de la subvention. Elle n'est comptabilisée que lorsqu'elle est votée. Ce principe était validé par le comité.

Comment la situation s'est-elle alors aussi vite dégradée ?

C'est simple, en deux mois, Heyberger a tout cassé. Pour commencer, il a renégocié les contrats avec les joueurs et leur a imposé pour la plupart des contrats d'image pour pouvoir économiser les charges sociales. Certains joueurs ont vu leurs salaires doubler. Ceux qui ont quitté le club vous le diront. Il a passé son été à faire ça au lieu de chercher de la trésorerie. Fin août, il est fièrement venu me montrer son prévisionnel. Là, j'ai compris.

C'est là que vous avez compris...

Qu'il allait droit dans le mur. Déjà, son prévisionnel présentait une grosse erreur. Il comptait deux fois la même somme. Il a mis ses 150 000 euros en recette sponsors alors que ces mêmes sponsors étaient chargés de payer directement les joueurs via une agence. Avec ce procédé, il économisait les charges. Bref, l'argent ne transitait pas par la caisse du club. Je lui ai dit "ce n'est pas juste, il va te manquer 150 000". Il n'a rien voulu savoir. Il ne s'est pas contenté d'une équipe qui était déjà bonne sur le papier. Il est allé chercher des joueurs haut de gamme pour soi. Il en a pris huit ou neuf de plus que ce qui était prévu quand j'ai pris du recul. Et puis la situation n'a fait qu'empirer lorsque les deux joueurs NHL sont arrivés.

C'est-à-dire ?

Il a clamé haut et fort que ces deux joueurs venaient à Mulhouse gratuitement. C'est faux. Les deux étaient bien payés, même si pour eux, les sommes ne représentaient pas grand-chose. 50 000 euros sont partis des caisses du club pour les agents de Reinprecht et Montador qui ont bien évidemment touché une large partie par la suite. Ces 50 000, on les retrouve sur son dernier bilan. Cette ligne, elle n'existait pas sur mes bilans. Pas plus que la ligne d'honoraires qui a tellement interpellé la "fédé" (200 000 euros). Les commissions aux agents, l'agence de communication et les pourboires, voilà trois lignes qui n'apparaissaient jamais sur mes bilans. À l'arrivée, sur une saison, il a dépensé environ 300 000 euros de plus que moi. Ça ne pouvait pas ne pas sauter aux yeux de la Commission de contrôle. Il a trompé la "fédé", l'URSSAF et tout le monde. Malgré cela, il continue d'être arrogant et de se foutre de tout le monde. Si on l'écoute, tout le monde lui en veut. Tout le monde est responsable... sauf lui. Il devrait se montrer plus réservé et honnête par rapport à la fédération qui n'est pas dupe.

On vous sent dépité...

Je le suis. Dans ce club, j'y ai mis huit ans de ma vie. Et en l'espace de quelques moi, quelqu'un a tout détruit. Je ne voulais pas intervenir et semer la pagaille mais on m'a mis en cause dans cette histoire et je ne peux pas le tolérer. J'ai honte de voir le HCM là où il est car on avait réussi à gagner la confiance de la Ville et de tout le monde. Maintenant, je ne vois pas comment il pourra se relever d'une telle bêtise.