Articles de Juillet 2005

« Je suis tellement triste... Triste pour tout le travail qui a été fourni depuis quatre ans, affecté pour tous les joueurs qui avaient décidé de poursuivre l'aventure ou qui nous avaient rejoints au cours de l'intersaison. » Christer Eriksson, l'entraîneur suédois au club depuis quatre ans, en début de soirée hier, des trémolos dans la voix, n'en revient pas : le HC Mulhouse, champion de France au mois d'avril dernier, a été relégué en D3 par l'Autorité exécutive du hockey français, qui a suivi les conclusions de la commission du contrôle de gestion.

« On nage en plein délire »

« Je suis atterré. Je ne comprends pas, lui emboîte le pas Paul Heyberger, président depuis un an. La commission a tout rejeté en bloc, n'a pas du tout pris en considération les éléments nouveaux que nous lui avons fournis cette semaine. Il n'y a eu aucune explication. On nage en plein délire ». Rappelons que le club, pour faire face à un endettement de 250 000 €, a obtenu un prêt de 180 000 € de la part de la Banque Populaire et du Crédit Mutuel (assorti de la condition que le HCM poursuive son activité en Ligue Magnus), alors que les membres du comité directeur ont injecté la somme de 78 000 € en compte courant. « Il ne faut pas me raconter que nous sommes relégués en raison d'un problème financier, s'insurge Paul Heyberger. Notre montage tient parfaitement la route. Nous devrions rembourser 30 000 € par an sur six ans, plus les intérêts, soit 4 % de notre budget. C'est insignifiant. J'ai l'impression que la "Fédé" a décidé de flinguer Mulhouse, c'est en tout cas la tournure que cela prend. Elle a le pouvoir de nous couler et de nous renvoyer en D3, c'est sûr. J'ai eu le comptable de la commission de contrôle au téléphone. Il semblerait que le fait que la Ville n'a pas versé un centime l'ait embêtée. C'est complètement idiot, car c'est quand même bien de pouvoir régler le problème dans la municipalité, non ? » La Ville a d'ailleurs soutenu les actions engagées par le président ces derniers jours, allant jusqu'à se porter « caution morale » auprès des établissements bancaires.

« Deux poids, deux mesures »

Par ailleurs, Paul Heyberger faire remarquer qu'Amiens a procédé de la même manière il y a trois ou quatre ans, remboursant chaque année 50 000 €. « Il y a deux poids, deux mesures ! Tout le monde était au courant de notre situation, nous avons toujours joué cartes sur table. Quand un banquier accepte de nous refinancer, c'est quand même bon signe, non ? Cette façon de procéder est scandaleuse. Nous avons un dossier en béton. Nous n'avons plus de dette, mais un prêt amortissable... » Le HC Mulhouse va continuer à se battre, même si le temps est désormais compté, alors que Strasbourg, sollicité par l'AEHF, se réunira demain soir pour envisager une accession en Ligue Magnus. Il fera appel dès le début de la semaine, placera peut-être le dossier entre les mains d'un avocat. Relégué en D3, il n'aurait pas d'autre solution que de déposer le bilan et serait peut-être même acculé à la liquidation. « La Fédération a quand même intérêt à sauver le hockey dans le grand-Est, où il a juste commencé à se développer, souligne Christer Eriksson, qui est aussi entraîneur de l'équipe de France juniors. Le HCM était en train de se structurer. Là, on lui coupe l'herbe sous les pieds. Cela me choque. D'autant plus qu'il n'y a jamais eu de problèmes, au niveau des salaires par exemple. Tout a toujours été "nickel chrome". Je ne pouvais imaginer une telle issue. Est-ce que tous les décideurs se sont battus pour le club la semaine dernière ? Il reste une petite chance. Peut-être le Père Noël va-t-il arriver au coeur de l'été ? »