Articles de Decembre 2004

Imaginez la retraite de Russie. Dans le froid. La glace. La retraite de Napoléon avec ses grognards blessés, courbaturés et épuisés. Imaginez l’armée impériale décimée, le pied nu, le cerveau congelé, les muscles tétanisés, qui se retourne contre l’ennemi, et dans une charge désespérée menée par le maréchal Gillings, qui fiche la pâtée aux Popovs.

C’est un peu ce qu’on a vécu samedi soir à la patinoire. Une histoire à suspense. Des Tourangeaux pimpants au premier tiers, piquant du nez au deuxième, puis harcelés et frisant la déroute au troisième, mais sauvés par le général Sopko, éblouissant. Et dans la prolongation, coup de théâtre avec un rush désespéré et victorieux alors qu’on attendait plutôt le coup de grâce savoyard…

Les puristes diront que l’ASGT n’a pas maîtrisé son sujet et que c’est Morzine qui aura laissé la meilleure impression d’ensemble, grâce à sa légion scandinave. C’est vrai. A cela près que l’ASGT a joué avec les moyens dont elle disposait (des moyens moyens…) et avec orgueil, vaillance, courage, ténacité, elle est parvenue à arracher un succès qui la situe à la première place en compagnie de Rouen et de Grenoble. Une victoire qui n’a pas de prix.

Le phénix de Phoenix

D’entrée, Le hockeyeur professionnel de Phoenix, Ference rendit service à l’ASGT : deux minutes de prison qui aboutirent à un jeu de puissance exploité immédiatement par Gillings. Un but qui ne trompait personne, cependant. Le jeu scandinave de Morzine s’avérait fluide, le trio suédois démontrant aussitôt son savoir-faire avec l’égalisation du diabolique Forsander.

Mais l’ASGT a un comportement de roquet. On la chatouille et elle mord. Vingt secondes plus tard, Eizenman exploita un cafouillage pour redonner de l’air aux Diables Noirs (2-1).

Les hommes du petit caporal, « Little Bob Millette », mirent alors la pression sur la cage de Backo ; seulement, le gardien suédois se montra intraitable. Pire, Forsander échappa aux défenseurs locaux et mystifia Sopko (2-2). Le message était lisible : l’ASGT allait se les geler…

Le deuxième tiers fut très tonique ; un jeu rapide avec deux gardiens de grande classe, mais à force de vendanger des occasions, l’ASGT se fit piéger par l’inévitable Forsander dans un silence de cathédrale (2-3).

Aux taquets

Par bonheur, le phénix de Phoenix commit une bourde monumentale et Eizenman fournit l’opportunité au malin Gillings d’égaliser juste avant la sirène.

Il était clair que l’ASGT était aux taquets. Confirmation à la reprise du troisième tiers avec une équipe tourangelle à la rue : infériorités numériques, pénalité de match pour Gleize dégradèrent davantage le tableau.

Pulscak et Philippe Roy avaient beau se multiplier et Sopko se révéler éblouissant, voire exceptionnel, la défaite était annoncée. L’homme masqué permit, toutefois, à l’ASGT de s’octroyer une prolongation qui ne disait rien qui vaille, comme vous l’imaginez. A quatre contre quatre, l’équipe tourangelle laissa venir son adversaire. Elle adore ce genre de scénario !

De fait, Perricone propulsa Gillings vers le paradis au lieu de l’enfer promis. Un Gillings auteur d’un match énorme : trois buts et une assistance.

La force de cette équipe est aussi là : un Jonathan Roy peut cacher un Kent Gillings qui peut cacher un Robert Millar qui peut cacher un Benoît Paillet qui peut cacher un Loic Sadoun qui peut cacher un…

Tous pour un, un pour Tours.

Bob Millette (Tours) : « La victoire du mental et du cœur. On a gagné à l’énergie et à la fin, c’était très dur. On a joué à quatre défenseurs et avec un attaquant de moins après l’expulsion de Gleize. On était vraiment sur le fil du rasoir… Au troisième tiers, j’étais inquiet car Morzine a pressé. Je me suis dit : s’il presse jusqu’à la fin, on ne tiendra pas. Et puis, Morzine a reculé un peu et là, je me suis dit qu’on pouvait passer. La fatigue est là, c’est sûr. Mais on a gagné notre deuxième match sur trois lors de la phase retour. Sopko nous a fait des arrêts clefs et nous a maintenus en vie. Ensuite, on a marqué en contre, c’est le maximum qu’on pouvait faire… »

Stéphane Gros (entraîneur de Morzine) : « Un match positif pour nous. Prendre un point à Tours et faire le nul après 60 minutes, c’est bien. Mais je crois qu’on méritait mieux car on avait Tours à notre main. Mais il nous a manqué un petit truc au troisième tiers pour pouvoir l’emporter. Un peu plus de risques, d’agressivité… C’est vrai aussi qu’on se fait refuser un but à la fin qui aurait pu nous donner la victoire. Tours est difficile à prendre sur sa glace et finalement, je le répète, je suis content de ce point pris. »

Loic Sadoun (Tours) : « Morzine est une belle équipe. Et quand on voit le match de ce soir, on se dit qu’on a réalisé un exploit à l’aller, en gagnant 3-2. Maintenant, on est exténués. Et c’est bien qu’on ne joue pas contre Epinal. Mais cela aurait été bien d’être en vacances tout de suite et ne pas jouer à Briançon. Certains ont des pépins physiques et jouent quand même. On est vraiment au maximum. Il faudrait vraiment que les blessés reviennent vite. »

Alon Eizenman : « J’ai pris beaucoup de plaisir à jouer ce match car Morzine patine vite et bien. Ce n’était pas un match haché. Il y a eu énormément de lancers et les deux gardiens ont été forts. Gagner dans ces conditions est une grande joie. »

Repos le 18 décembre

L’ASGT ne jouera pas le 18 décembre à Tours contre Epinal. Le match a été reporté. En effet, Benoit Paillet est sélectionné en équipe de France et de ce fait, le président de l’ASGT, Jean-Maurice Bonneau a fait jouer son veto, demandant que le match soit repoussé. Le 4 janvier avait été envisagé mais Epinal a refusé.

La réponse est désormais dans les mains du président de la fédération. ASGT - Epinal se jouera en janvier à une date à déterminer. Un report qui soulagera les joueurs tourangeaux qui sont fatigués. Briançon - ASGT du 21 décembre sera donc le dernier match de l’année 2004.

Retour. Scott Goldman, l’ancien joueur de l’ASGT, était de passage à Tours. Il a été salué par le public.

Lever de rideau. Les benjamins de l’ASGT ont fait match nul en lever de rideau 2-2, mais ils ont eu le plaisir d’être présentés au public juste avant le big match.

Cadeau. La mascotte de l’ASGT a offert des bonbons au public juste avant le match. Et les enfants ont été très prompts à la détente…

Habitude. L’habitude est prise. Le grand maillot de l’ASGT est déployé avant l’entrée des joueurs. On a même ajouté de la fumée dans le couloir d’accès à la glace. Il ne manque plus qu’un tifo !

Public. La patinoire avait encore fait le plein pour ce Tours - Morzine, le dernier match de l’année.

Pas de risques. Bob Millette aurait pu faire jouer Robert Fail mais il a préféré ne prendre aucun risque. De même, Marcel Simak n’était pas en tenue.