Articles de Decembre 2004

Il y a tout juste quatre-vingt-dix jours, à l'annonce officielle de la cessation d'activités en NHL et à l'heure de la première vague de joueurs en partance pour l'Europe, certaines équipes du Vieux Continent, comme le HC Mulhouse, n'ont pas hésité un seul instant à ouvrir grand leurs bras pour les accueillir. D'autres formations se sont, quant à elles, montrées beaucoup plus réticentes à l'idée d'embaucher ces pigistes de luxe, susceptibles de débarrasser le plancher dès le règlement de la grève en NHL et de laisser des vides plutôt gênants dans les effectifs à mi-saison. Il y a quatre-vingt-dix jours, les données n'étaient donc pas les mêmes qu'aujourd'hui. Car, désormais, la quasi certitude que la saison 2004/2005 ne verra jamais le jour fait que tout le monde s'intéresse aux joueurs de la ligue nord-américaine. Comme beaucoup d'autres, les Canadiens des Scorpions, Steve Montador et Steven Reinprecht, ne devraient donc pas manquer d'attiser ces prochaines semaines la convoitise de grands clubs européens (suisses, tchèques ou allemands…), capables de les rémunérer bien plus grassement que ne le fait par exemple le HCM actuellement. Des propositions que Steven Reinprecht, le meilleur pointeur mulhousien, se dit d'ores et déjà prêt à refuser. Hier, à l'issue de l'entraînement, l'international canadien a indiqué qu'il ne changera de maillot « que pour retrouver la NHL » et son club des Calgary Flames. Entretien.

Steven Reinprecht, quel est d'abord votre avis sur le conflit qui va sans doute annuler la saison de NHL ?

Je suis forcément déçu de ce qui se passe là-bas et du conflit qui oppose les patrons de franchises à nous, les joueurs. Personne ne veut entendre l'autre et ça ne débouche sur rien, sinon à une grève qui pénalise tout le monde. La dernière proposition faite par notre syndicat a été rejetée et je crois que nous sommes repartis pour un mois de nouvelles négociations. On verra bien, mais ça ne s'annonce pas très bien.

La dernière proposition du syndicat des joueurs, qui prévoyait une baisse de vos salaires de 24 %, vous paraissait-elle bonne ?

Elle était, en tout cas, très significative ! C'était la meilleure de ces sept dernières années. Nous avons accepté de baisser assez largement nos salaires et de donner une nouvelle chance aux propriétaires de franchises. Ils n'ont pas voulu la saisir. C'est du business, c'est comme ça.

Certaines grandes formations européennes vont sans doute changer de philosophie et accepter de faire signer des joueurs de NHL. Songez-vous à un départ vers l'un de ces clubs ?

Non, je n'irai pas dans un autre club en Europe. Je vis à Mulhouse une belle expérience et je prends tous les jours beaucoup de plaisir. Tant que ça ne bouge pas en NHL, je resterai ici. Je n'ai aucune raison de partir.

Votre coéquipier Steve Montador est-il dans le même état d'esprit que vous ?

On parle évidemment ensemble de ce qui se passe en Amérique et nous sommes tous les deux solidaires avec le syndicat et les autres joueurs. Et comme moi, je crois qu'il n'a pas pour intention de partir.

La vie en France vous convient-elle ?

Oui, je suis bien ici et je le répète, c'est une belle expérience. J'ai rencontré des personnes très sympas et la vie est plus décontractée qu'aux États-Unis. J'ai plus de temps à consacrer à ma famille et à moi-même. Je veux continuer d'en profiter.

Vous regrettez quand même de ne pas pouvoir poursuivre votre carrière en NHL, la plus prestigieuse ligue du monde, non ?

Bien sûr, c'est un problème de ne pas pouvoir jouer en NHL. Nous aimerions tous retrouver nos clubs et reprendre le jeu. Mais encore une fois, le conflit qui existe en ce moment est vraiment compliqué et nous devons faire avec.

Si vous restez avec le HCM durant la deuxième partie de saison, allez vous revoir le deal que vous avez avec le président Paul Heyberger ?

Non, non. Il n'y a aucune raison pour que ça change. Le deal restera le même.