Articles de Decembre 2004

« Je veux être un directeur sportif qui laisse une empreinte, pas celui qui quitte le club après un titre, alors qu'il l'a coulé. » Christer Eriksson a de l'ambition pour le HC Mulhouse. « Je veux lui faire passer un cap dans son histoire. Un titre, c'est la cerise sur un gâteau. En France malheureusement, si tu n'as pas de résultat, tu as peu de moyens. Alors qu'on devrait t'en donner pour réussir. »

Projets en masse

Son exemple fétiche, celui qu'il ressort souvent pour l'utiliser aux faits du jour, c'est celui de Rouen, non qualifié pour la seconde phase du championnat la saison dernière. « Ce n'est pas pour autant que le hockey a pris fin. Il y a toujours une équipe, ses partenaires ont continué à croire en eux, à placer de l'argent pour construire. Si nous rencontrions le même échec, on devrait repartir de zéro. »

Depuis qu'il est arrivé sur Mulhouse, il a toujours eu à coeur de tirer le club vers le haut. Il en est à sa quatrième saison et les idées continuent à affluer: une deuxième piste, plus petite pour les entraînements et matchs des jeunes, sur le parking côté boulevard, des tribunes portées à 3500 personnes (contre 1200 actuellement), un staff conséquent, un entraîneur pour le hockey mineur...

Toujours plus loin

« On peut continuer à faire appel à des joueurs mercenaires, explique le Suédois. L'intérêt de Mulhouse est de faire mieux. Pour cela, il faut une décision politique : savoir si l'on veut avoir du hockey de haut niveau ici. A Rouen, il y a trois coachs en Une, deux autres pour les jeunes plus un secrétariat. C'est peut-être trop élevé, mais si tu ne vises pas la lune, tu n'atteindras jamais l'arbre. »

Ses vestiaires à peine installés, pas même finis d'être peints, Christer Eriksson voit plus loin. « Je veux du hockey de haut niveau et mon rôle est de cibler nos besoins, de tirer le club. Attention, je ne me plains pas, je parle juste d'une logique de continuité, d'une dynamique. Ces équipements, c'est une grande satisfaction, pas un but en soi. Allons au bout du raisonnement. »

Objectif : hockey mineur

Il ne s'arrête pas là... « Je n'ai pas une logique politicienne, je ne suis pas là pour faire des photocopies de photocopies, quand on n'arrive plus à lire ce qu'il y avait sur l'original. On peut faire des économies sur tout, des détails et des choses importantes, faire appel à des bénévoles plutôt qu'à des spécialistes. Ce serait gâcher ce que nous avons mis en place. Mulhouse peut faire mieux. »

Le pari est grand : « Le grand chantier aujourd'hui, c'est le hockey mineur, développer une formation. Avec des structures et une meilleure organisation des temps de glace, un cadre et plus de dirigeants, nous pourrions, dans les cinq ans, avoir des joueurs formés chez nous taper aux portes de l'équipe de France ! » Trop ambitieux ? « A Mulhouse, je sens une dynamique. »

La situation géographique de la ville est un atout. « L'Allemagne et la Suisse ne sont pas loin, nous sommes leaders dans l'Est. En France, on peut acheter les titres, en prenant de super joueurs. Cela ne m'intéresse pas, c'est tricher. C'est la même chose que du dopage, c'est de l'artifice, c'est ponctuel. Le vrai plaisir vient de la victoire après avoir travaillé pour construire quelque chose. »