Articles de Decembre 2004

Quand nous avons rencontré Bob Millette, il était tout heureux. « Je sors

d’un entraînement avec mes gars. Quand ils sont montés sur la glace, il y avait des gamins de l’école municipale qui leur ont crié : “Allez les Noirs ! Allez les Diables noirs !” Ça fait chaud au cœur. Ça démontre que ce que nous faisons marque les jeunes et a valeur d’exemple. Et j’y tiens beaucoup. »

À la veille de recevoir Angers, Bob Millette a effectué un flash-back en notre compagnie pour expliquer pourquoi l’ASGT flambe en cette première partie de saison.

Tout est parti du recrutement, Bob, on suppose...

Exactement. J’ai passé un mois de vacances à La Tranche-sur-Mer dans la maison d’un ami très cher. J’avais cent joueurs sous la main et dans la tête et il fallait que je dessine ma future équipe.

Sur quels critères, avez-vous monté votre équipe ?

1. L’humanisme des joueurs. 2. Leur intelligence. 3. Leur désir de réussir. J’ai visionné des cassettes, j’ai téléphoné, fait fonctionner mon relationnel. Quand j’ai fait le camp d’entraînement, j’ai tout de suite su qu’on pouvait viser la 5ème place du championnat...

“Mes gars sont marqués au fer rouge”

Oui, mais là, c’est encore mieux : champion d’automne !

Dans la vie, il faut être fidèle. Je suis, depuis quatre ans, avec Simak, Pulscak et le gardien Hiadlovsky. Pour ce dernier, il aurait été facile d’enrôler Sopko et de prendre un joueur de ligne supplémentaire. Mais Hiadlovsky m’a beaucoup donné et je lui étais redevable. Vous savez, il y a des entraîneurs qui disent qu’ils ont des valeurs. C’est bien joli, encore faut-il le montrer ! Cette équipe a fait bloc et c’est un bloc qui est devenu champion d’automne.

C’est vrai que vos joueurs paraissent en phase avec vous.

Je me vois à travers eux et ils se voient à travers moi… Je suis un passionné et ils le savent. Quand j’ai fabriqué mon équipe, j’ai tout de suite vu que je pouvais m’appuyer sur les trois cerveaux : Eizenman, Jonathan et Philippe Roy. J’ai tout de suite vu que Gillings et Millar avaient du talent et du caractère. Ce sont des gagneurs. J’ai tout de suite vu aussi que tous les autres étaient ambitieux : Bohunicky, Perricone, etc. Vous savez, on a joué longtemps sans Simak et Paillet. Les gars ont pallié leurs absences et c’est fort.

Vous avez dû être surpris tout de même de voir votre équipe première !

Oui et non. Je m’étais dit : si l’on n’a pas de blessés, si les gars adhèrent à mes quatre systèmes de jeu et acceptent d’en changer en cours de match, on peut faire de grandes choses…

Mes gars sont marqués au fer rouge : ils ont compris qu’il n’y avait pas de réussite sans discipline, envie, travail.

Il y a d’autres clefs de la réussite à l’ASGT ?

Finalement, le fait d’avoir enrôlé deux gardiens d’égale valeur est une très, très bonne chose. Cela crée une motivation énorme et le gardien qui est dans la cage est à 150 pour cent.

Vous avez aussi changé de ligne récemment. C’est passager ?

Non. Je savais qu’à mi-parcours, je redessinerai mes lignes. Il faut du changement, les bonifier. Trouver une meilleure harmonie. Ne pas s’endormir.

“En quatre ans j’ai réussi à changer l’image du joueur de hockey à Tours”

Vous semblez très à cheval sur les principes.

Je suis un Canadien... Pour moi, le hockeyeur est un sportif de haut niveau. Il est un exemple pour les jeunes. Il est dynamique. C’est pour cette raison que j’ai recruté des gars intelligents, entre 23 et 25 ans. Si possible installés sur le plan familial, car ils sont plus équilibrés. Pour l’anecdote, je ne veux pas de gars qui fument. Sortir du vestiaire avec une cigarette au bec, ce n’est pas bon pour l’image...

En quatre ans que je suis ici, j’ai essayé, et je pense avoir réussi, à changer l’image du joueur de hockey.

Vous voulez aussi que le club se professionnalise à tous les niveaux.

Exact. On peut faire de grandes choses à Tours et à l’ASGT. On a franchi un palier avec la création du Club entreprises, le Iceberg club. Des gens qui ont des idées et qui nous donnent certains moyens d’être plus ambitieux. Un club, c’est un tout. Les dirigeants, l’entraîneur, les partenaires, les joueurs, la mairie, le hockey majeur, le hockey mineur. Et ce qui est bien pour l’équipe première rejaillit sur le reste et vice-versa.

Dernière question : où va s’arrêter l’ASGT cette saison ?

Mon objectif est de passer le premier tour du play-off et d’aller en demi-finale. Oui, être dans le dernier carré. On veut finir d’abord dans les quatre premiers lors de la première phase pour avoir l’avantage de la glace durant le premier tour du play-off.

Si l’on a le bonheur d’aller dans le dernier carré, on sera très, très dangereux.