Articles de Octobre 2004

Tiers-temps : 0-0, 1-1, 1-0. Arbitre : M. Bachelet. Spectateurs : 1800 (rééls : 2458).

TOURS : 23’49’’ Bohunicky (Eizenman) ; 57’20’’ Eizenman (Sadoun). 40 minutes de pénalité dont deux fois 10 minutes à Poznick (37’30’’) et Ph. Roy (37’46’’).

ROUEN : 20’49’’ Salminen (Doucet, Broz) sup. num. [5-4]. 12 minutes de pénalité.

Tirs. Tours : 30 (10/6/14) ; Rouen : 33 (10/10/13).

Une patinoire pleine à craquer, deux belles équipes qui se disputent la première place, un premier tiers de folie avec des occasions, des prisons et quelques baffes : avant même de savoir qui, de Rouen ou de Tours s’assiérait, seul, hier soir, sur le fauteuil de leader, tout était réuni pour que la soirée tienne ses promesses.

Pas de round d’observation, ni de pause. Ce match au sommet démarre sur les chapeaux de roue. Les 1700 spectateurs se régalent… et puis déchantent rapidement.

L’arbitrage a beau afficher son arrogance vis-à-vis de la table de marque, il est dépassé. Pris de vitesse, le trio emmené par M. Bachelet se place mal, arrive en retard, et reste longtemps à l’écart lorsque les choses chauffent un peu sous l’impulsion d’un Guillaume Besse « pas encore au meilleur de sa forme », disait son entraîneur lundi, mais visiblement énervé.

C’est ainsi que tout dégénère durant la deuxième période, sur une première double supériorité numérique normande. Sadoun, qui termine une prison récoltée avant la pause (18’44’’, obstruction), est rejoint par Stepan (charge avec la crosse, 20’29’’).

Broz et Doucet pressent et, au moment où l’ancien Brestois remonte sur la glace, Salminen ouvre le score pour les Dragons (20’49’’). Rien à dire. Vu la circulation du palet normand, ce but apparaît tout à fait normal.

Menée, l’ASGT ne baisse pas encore les bras. Selon les consignes de Bob Millette, Bohunicky « rentre dans le lard » de Bellemare, avant d’être à l’opposé de la patinoire pour intercepter la rondelle et finir aux pieds de Raymond pour l’égalisation (23’49’’). Énorme !

Le premier exploit de l’ASGT a été d’annuler ses pénalités

On se dit alors que Tours peut nous faire à nouveau le coup de Mulhouse, d’Amiens, et de Rouen, comme l’an passé, lorsqu’elle avait écarté les Normands de la course à la coupe Magnus. Mais on se trompe. C’est oublier le rôle des hommes rayés qui, comme le regrette Steve Montador, le défenseur NHL des Scorpions de Mulhouse, « manquent de constance » dans le championnat français.

Ce qui se passe alors sur la glace nous ramène vite à la réalité. Après le tir de pénalité litigieux sifflé pour Millar (33’22’’), accroché par Carlsson, les punitions tombent. Du côté de l’ASGT, surtout. Poznik prend deux minutes pour une obstruction, plus dix minutes pour avoir râlé (37’30’’). Il est rejoint seize secondes plus tard par Philippe Roy (charge dans le dos), porteur d’une addition plus salée (2’+2’+10’).

Le mérite des équipiers de Ramon Sopko (décisif pendant ce temps-là) fut alors de poursuivre la partie avec seulement trois défenseurs sur le banc (Fail, Stepan et Pulscak), en attendant qu’on libère leurs camarades. Sans prendre de but, évidemment.

Une fois l’orage passé, Tours, l’animal blessé, reprit du poil de bête. Patiemment. Sans énervement. Comme on l’adore, en fait. Et, comme par miracle, tout est redevenu normal.

Alon Eizenman est sorti du néant pour intercepter le palet sur la ligne bleue adverse. Sadoun suivait et, intelligemment, il le lui remit. Pour le but de la victoire (57’20’’), celui qui propulse l’ASGT en tête du championnat.

Quelle fin de match incroyable ! Ce 26 octobre 2004 fera date.

Les réactions

Bob Millette (coach Tours). « Je ne réalise pas ! Je suis tellement dans mon truc, depuis quatre ans, que je ne peux pas dire ce que ça me fait d’être leader du championnat. On ne s’est pas laissé impressionné. Avec cette nouvelle victoire, on va commencer à parler de mes joueurs, maintenant. »

François Gleize (capitaine Tours). « C’était une libération à la tourangelle. Vu le nombre de matchs qu’on a gagnés ainsi, je crois qu’on peut vraiment appeler ça comme ça maintenant. »

Loïc Sadoun (Tours). « J’ai fait une passe à la Zizou sur le but d’Eizenman. C’est ma façon d’être : je ne mets pas de grosses charges mais, au moins, ça, je sais faire ! »

Frantisek Pulscak (Tours). « On est premier mais on doit déjà penser au match de Dunkerque car ça fait deux saisons qu’on va faire match nul là-bas après avoir battu des gros. »

Peter Bounicky (Tours). « J’ai cherché l’ouverture pendant tout le match : mon but a été un grand soulagement. Mais c’est un match comme un autre : nous devons continuer à œuvrer de la sorte. »

Franck Pajonkowski (coach Rouen). « Dans l’ensemble, ce fut un bon match de hockey mais c’est le fait de leur donner le but vainqueur qui nous reste au travers de la gorge. En plus, nous avons été nuls et impuissants à cinq contre trois. Tours n’est pas premier par hasard : après avoir battu Mulhouse, ils ont confirmé face à nous. »

Guy Fournier (coach Rouen). « On savait que ça serait serré et accroché. Nous avons eu des occasions franches, surtout dans le troisième tiers, mais on a manqué d’opportunisme. Tours fait partie de ces rares équipes qui peuvent compter sur deux gardiens étrangers de haut niveau. »

Éric Doucet (capitaine Rouen). « Cette séquence de deux revers successifs (Mulhouse et Tours) est difficile à accepter. Mais c’est bien pour le hockey français : là, nous avons un vrai championnat. Sur le match, il ne nous a pas manqué grand-chose. Maintenant, nous comptons bien prendre notre revanche chez nous. »