Articles de Octobre 2004

Après son échec de l’an dernier, éliminé par Anglet en quart de finale de la poule Magnus, Mulhouse est reparti cette saison avec la ferme intention de laver l’affront. L’équipe qui a battu deux fois l’ASG Tours en 2004 (5-1 à l’Illberg et 3-2 à la patinoire municipale) n’ayant pas tout cassé, comme prévu dans le précédent championnat, le président Paul Heyberger, successeur de Claude Bauer à la tête du HCM, a donné une grosse enveloppe à Christer Eriksson pour qu’il se constitue une nouvelle formation capable, cette fois, d’inscrire son nom au palmarès 2005, derrière celui du tenant du titre, Amiens.

L’entraîneur suédois n’y est pas allé de main morte pour augmenter sa puissance de feu. Olivier Coqueux (Fribourg, Allemagne), actuelle meilleure gâchette alsacienne (7 buts), Jani Kiviharju (TPS Turku, Finlande), Maurice Rozenthal (Leksand, Suède) ont en effet rejoint les rangs des Scorpions en compagnie d’autres références, les deux Canadiens Greg Day et Ryan Christie (Las Vegas, États-Unis).

Mais la grosse sensation de ce début de saison, qui sème le trouble dans le monde du hockey français, craignant de voir les clubs se livrer à une sorte de « course à l’armement », selon les propres mots de Luc Tardif, président de l’AEHF, est l’arrivée de deux Canadiens de Calgary (NHL), finaliste de la dernière Coupe Stanley, le défenseur Steve Montador (107 matchs avec les « Flames ») accompagné par l’attaquant Steven Reinprecht et ses 319 matchs de NHL (69 buts pour 113 assistances).

Ce dernier est la future terreur des défenses hexagonales. Et la chance du public tourangeau est que cet artisan du titre obtenu par Colorado en 2001, sacré champion du monde avec l’équipe du Canada, l’an passé en Finlande, fera ses grands débuts samedi, contre les Diables noirs.

Comment de tels joueurs ont-ils pu arriver en France ? Une grève, opposant actuellement les propriétaires des équipes et les joueurs, bouscule la NHL. Le différend porte sur la même histoire qu’en 1993-1994, celle du plafond salarial. Les uns pensent qu’ils dépensent beaucoup trop d’argent. Les autres estiment qu’on ne peut pas revoir leur paie.

Et pour éviter que leurs patins rouillent, faute de match sur le continent américain, quelques Canadiens ont ainsi pris le chemin de l’Europe, dans le sillage des joueurs suédois, tchèques ou russes, rentrés au pays prendre du bon temps sur les patinoires qui les ont vu « naître ».

Seulement, il y a un revers à la médaille. Le risque, que seul Mulhouse a accepté de prendre (Rouen ne se dit pas intéressé), est que cette manne providentielle reparte aussi sec, le conflit fini, laissant derrière elle une ardoise que le club devra éponger. Car il est difficile de croire qu’un garçon comme Reinprecht, que l’on annonce avec un salaire de 1,5 million de dollars par an à Calgary, soit venu en Alsace pour un petit deux pièces cuisine sur les bords de l’Ill.

« C’est vrai que nous avons une équipe forte sur le papier et que nous possédons des joueurs au palmarès important », commente Christer Eriksson, l’entraîneur du HCM. « Mais cela n’a rien d’illogique. Notre club a grandi. Il a plus de moyens. Et toute la ville commence à brûler pour le hockey. » Ce qui peut justifier certaines folies.

"Au complet mais pas encore rodés"

Le pari est payant, pour l’instant, puisque sans son match nul contre Grenoble (2-2), le 25 septembre, le HCM occuperait la première place avec Rouen sans avoir joué une seule fois au complet depuis le début de la saison. Il y a en effet eu quelques bobos, ici ou là. Montador n’a en effet disputé que les deux derniers matchs contre Briançon et Anglet. Et Reinprecht n’a encore jamais joué.

« Aujourd’hui, nous sommes au complet (quatre lignes d’attaque et trois lignes de défense) mais pas encore rodés », conclut Eriksson, souriant et comblé par « la bonne concurrence » qui règne au sein de son effectif. On le comprend.

En attendant que l’avenir lui donne raison.