Articles de Octobre 2004

À 30 ans, Lionel Bilbao a voyagé à travers le monde, vécu dans plusieurs régions de France. Il reste basque et retourne à Biarritz dès qu'il en a l'occasion. Histoire de coeur entre un homme, hockeyeur de métier, et ses racines.

Bilbao, c'est basque. En Lionel Bilbao, tout est basque. Le joueur du HC Mulhouse est né à Bayonne, il a longtemps habité à Anglet, il porte en lui l'amour "rouge et blanc" du Biarritz olympique. Une boucle parfaite pour trois villes soudées dans des racines communes. Si le hockey sur glace a poussé ce Scorpion à Reims, au Canada et aujourd'hui en Alsace, il revendique cette culture.

Le 64 clin d'oeil

Elle se devine aisément dans des clins d'oeils extérieurs. Ainsi ce numéro 64 qu'il porte depuis qu'il a posé ses sacs à l'Illberg. « Avec Denis Perez et Jean-Michel Laroque, quand on a quitté Anglet, on s'est juré de porter l'immatriculation de notre région dans nos clubs respectifs. En souvenir. Là-bas, on n'en avait pas besoin, c'était évident. J'avais alors le 73, année de ma naissance », sourit-il.

Il y a aussi ce mobile qui sonne l'hymne du Pays basque chaque fois qu'on l'appelle, puis cet autocollant 64 sur sa voiture. « "64", c'est aussi une marque de vêtements branchés basée sur Biarritz. Ils font des chemises et des tee-shirts. Une boutique vient d'ouvrir sur les Champs-Élysées, pourquoi pas une sur Mulhouse (rire). Si je peux leur faire de la pub, je ne me gênerais pas... »

Petit, son père l'emmenait au stade Aguilera voir Biarritz. « Il a joué au rugby, il a même été champion de France 1re série. Le quinze, c'est le sport régional, au même titre que la pelote basque et le surf. Chez nous, c'est affectif, un esprit de groupe, familial, avec des valeurs de combat, de contact. J'ai d'ailleurs pas mal d'amis au BO (Biarritz olympique), j'y fais toutes mes préparations d'intersaison. »

Il travaille avec Olivier Rieg, d'origine alsacienne, longtemps préparateur physique chez les Orques d'Anglet, aujourd'hui au Biarritz olympique. « Dès que je suis blessé, je redescends le voir, le temps de me refaire une santé. Le rugby ? Je le suis intensément, j'ai été piqué par ce sport. J'achète chaque lundi Midi olympique. Ici, on le trouve à deux endroits... on me le réserve. »

S'il n'y joue plus, c'est uniquement parce que son père était directeur de patinoire, à Anglet. Sinon, il aurait gardé les crampons. Le hockey l'a amené là où le rugby ne l'aurait jamais conduit - «L'Alsace n'est pas une terre de rugby...» est un profond regret -, il a besoin de se retrouver au Pays basque de temps à autre, pour s'y ressourcer. « Mon premier geste est d'aller voir la mer. Ce n'est pas une chose qui me manque spécialement mais, quand je la vois, je sais que je suis chez moi. Je m'installe à une terrasse, avec un café, je suis le rythme de la mer déchaînée, je respire l'odeur des embruns. » Quelques visites amicales plus loin et ses repères basques s'installent de nouveau. « C'est un autre rythme de vie, une mentalité différente, c'est tout moi.»

«Basque puis français»

« Les Basques ne sont pas des gens très ouverts, sont plutôt renfermés sur leurs traditions, leurs fêtes locales... C'est comme un petit clan, sans rien de méchant. Moi, je suis basque avant d'être français, suis très attaché à ma région, mais attention : je ne milite pas. Je revendique la culture basque, l'indépendance me dépasse. Je survole tous ces problèmes politiques, ne suis pas nationaliste. »

Ce qui ne l'empêche pas d'entonner des chants basques après les matchs ou à l'issue des entraînements. « Je mets un peu de soleil dans les vestiaires, même si je ne comprends pas ce que je dis. Je ne parle pas basque, c'est un de mes grands regrets. J'apprends aux étrangers du club ce qu'est un Basque, quelqu'un de jovial, grande gueule, qui aime mettre l'ambiance. »

International français, sa fierté est d'avoir disputé deux matchs sous les couleurs d'Euskadi - Pays basques espagnols et français - face aux espoirs français, à San Sebastian. « On avait perdu, mais c'était un grand moment ! Je portais le maillot basque, on nous a chanté l'hymne basque. La patinoire était pleine. C'était fabuleux. » S'il vit avec une Alsacienne, le futur Bilbao aura un prénom basque.