HGD : Stéphane Sabourin sacrifié !

 

Article de La Voix du Nord (19 avril 2003).

Visiblement, le club dunkerquois n’aime pas la réussite. Quatre ans après l’éviction d’Harry Perreault, qui venait d’amener l’équipe sur le podium de N1, c’est au tour de Stéphane Sabourin d’être "remercié".

Stéphane Sabourin, arrivé à Dunkerque en début d’exercice, ne sera plus entraîneur du HGD l’année prochaine : épilogue à peine concevable d’une saison incroyable ! Au terme d’un championnat extrêmement satisfaisant, on aurait pu, à la limite, s’attendre à voir le technicien canadien "débauché" par l’une ou l’autre des grosses écuries du Top 16. C’eût été, sinon logique, du moins fortement compréhensible. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est ce qui vient de se passer dans les coulisses du HGD. Il y a une dizaine de jours, soit quarante-huit heures après les hypocrites embrassades du dernier match, les membres du comité ont pris la lourde décision de se séparer d’un coach qui aura parfaitement dirigé son groupe dans l’élite, d’un manager général qui aura mené une politique de formation extrêmement efficace.

Le meilleur classement du club

Arrivé à Dunkerque pour y diriger une équipe de N1 (2e niveau national), Stéphane Sabourin accepta immédiatement le challenge proposé par ses dirigeants. La Fédération française, en proie à des difficultés pour trouver seize clubs assez solides financièrement pour composer son championnat Elite, lança une invitation de dernière minute au HGD. Invité surprise du Top 16, le club dunkerquois afficha des ambitions extrêmement mesurées : assurer le maintien. Les résultats dépassèrent, et de loin , ces modestes objectifs. Onzième à l’issue de la saison, Dunkerque égalait ainsi le meilleur classement de son histoire. Parallèlement, chez les jeunes, alors que la formation était moribonde depuis quelques saisons, trois équipes (cadets, minimes et benjamins) se hissèrent en finale régionale. Alors, pourquoi laisser filer un entraîneur de ce calibre ?

"Pour raisons financières, affirme Jean-Pierre Thomas, le président du HGD. Les orientations établies pour l’an prochain ne collent plus avec le budget. Nous avions anticipé des augmentations de subventions de la part des collectivités. Le représentant de la communauté urbaine nous a dit qu’il y aurait peut-être de sa part un léger effort. La Ville restera sur les mêmes bases alors que le Syndicat intercommunal des dunes de Flandre qui, cette saison a déjà réduit son apport de 50 %, pourrait nous lâcher."

Ce bilan financier ne tient pas compte de la substantielle progression des fonds privés (le HGD est le club du Top 16 qui a connu la plus forte augmentation de sponsors non institutionnels !) et de la manne providentielle qu’attribue le conseil régional à tous les clubs d’élite. Puisqu’il était irréprochable au niveau sportif, Sabourin a donc été sacrifié sur l’autel financier. Et pourquoi pas la rage pendant qu’on y est ? Non, la vérité est ailleurs. Venu à Dunkerque avec ses méthodes, Stéphane Sabourin (qui n’a pas tenu à s’exprimer pour éviter d’aggraver sa situation), a bousculé quelques habitudes, chahuté quelques prés carrés, supprimé certains avantages et surtout fait preuve d’une intransigeance disciplinaire, refusant les passe-droits.

Ainsi, après plusieurs écarts de conduite, le fils du président fut mis en marge du groupe. Depuis, les relations entre les deux hommes forts du club n’ont cessé de se dégrader, jusqu’à l’éviction du coach décidée par le comité après un démocratique vote à main levée. Certains membres de ce comité assurent aujourd’hui regretter d’avoir cédé à la pression...

Levée de boucliers

Depuis, on assiste à une véritable levée de boucliers dans l’entourage du club. Quatre jours après l’éviction du coach, le "forum" de discussion sur le site Internet du HGD, assailli de témoignages de protestation, a été mis en sommeil. Alors que l’on pensait que la qualité de ses résultats (tant en équipe première que chez les jeunes) allait enfin lui apporter la stabilité, le club a renoué avec son trouble passé (problème financiers et relationnels, changements d’entraîneurs, de présidents...). Viré au plus mauvais moment (tous les clubs ont déjà leur entraîneur pour la saison prochaine !), Stéphane Sabourin sera très prochainement remplacé par Karl Dewolf, de retour au pays. Une tâche énorme l’attend : faire au moins aussi bien que son prédécesseur. Sacré défi ! Le HGD vient-il de se faire hara-kiri ? Réponse dans quelques mois...

Bruno Verheyde

 

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