Tomasini : "Je ne pouvais pas laisser passer ça"

 

Article du Bien Public de Dijon (21 février 2003).

Après un départ laborieux dans ce Top 8, les Grenoblois, adversaires du CPHD demain soir, occupent aujourd'hui une prometteuse troisième place derrière Mulhouse et Rouen. Nicolas Tomasini, manager général du club isérois, explique les raisons de ce renouveau et livre en exclusivité les dessous de 'l'affaire Grenoble-Dijon' du 11 janvier dernier, bientôt examinée par CNOSF.

- Lanterne rouge au terme des quatre premières rencontres avec 4 défaites au compteur, vous est-il arrivé de douter ?

"Lorsque vous disposez d'une équipe que vous estimez être bonne comme c'est le cas, vous ne doutez pas. On s'incline de peu à chaque fois, à Rouen, après prolongation ce qui n'est pas une si mauvaise performance (8-7) même si on doit l'emporter. Contre Dijon, on a un manque de réussite incroyable devant la cage (5-6). Puis, face à Mulhouse, on s'est cassé les dents sur leur défense et leur gardien comme beaucoup d'autres."

- Ces raisons suffisent-elles à expliquer ce faux départ ?

"Non, en plus, on a connu quelques blessures, souvent sur une même ligne d'ailleurs, ce qui nous a perturbés. Mon 4e bloc étant exclusivement constitué de joueurs nés en 1984, alors quand on a fait appel à eux pour suppléer ces absences, ils ont logiquement souffert. Enfin, il faut ajouter le passage à vide de Vuoti, qui a débuté cette compétition en petite forme. aujourd'hui, il tourne à deux points par match."

"Comme une famille"

- Apparemment, tout s'est réglé sans éclats de voix.

"Ce n'est pas le genre de la maison. Le seul que j'ai commis depuis trois ans, c'était l'an passé lorsque nous avions perdu en coupe de France à Clermont (3-7), car là, j'avais estimé qu'il y avait eu un manquement de la part de l'équipe. C'est comme avec une famille, il faut rester serein."

- Le déclic de ce redressement n'est-il pas la large victoire obtenue chez le voisin villardien ?

"Les apparences sont trompeuses. Certes, on s'impose 6-2, mais Villard a eu énormément d'opportunités. Heureusement pour nous, notre gardien Rolland, a sorti une partie d'enfer."

- Actuellement, vous êtes en pleine forme, puisque vous venez d'aligner quatre succès consécutifs en championnat dont un contre Rouen (4-2). S'imposer à Dijon devient quasiment une question de standing.

"Contre Rouen, Rolland a accompli le match du siècle, il a une nouvelle fois dégoutté les attaquants adverses. A six reprises, il a réalisé des miracles. Il a eu 'la chaleur'. Cependant, il n'y a pas de vérité éternelle. Simplement, si on remporte cette partie à Dijon, on engrangera encore plus de confiance pour la suite."

"On passe vraiment pour les derniers des cons."

- Venons-en au match aller (victoire dijonnaise 6-5 après prolongation), pourquoi avez-vous porté réclamation après avoir disputé cette mort subite à trois contre trois (au lieu de cinq contre cinq) alors que manifestement cette erreur d'arbitrage n'a désavantagé personne ?

"Je ne peux accepter cet argument d'équité. Comment fait-on si un jour un arbitre décide de jouer une prolongation à 15 contre 15 ? Voire sans les gardiens ? On dira tant pis, ce fut équitable ! L'équité n'a aucune valeur, il y a eu faute technique, je ne dois pas laisser passer cela. J'ai voulu éviter cette faute mais le temps que je descende de ma loge, la partie avait repris. De plus, le but dijonnais est inscrit sur un shift. Un de nos joueurs fatigués lève la crosse pour être changé, et pendant ce changement, le joueur adverse démarqué part seul au but. Après, on me dira que n'être que trois sur la glace n'a eu aucune incidence."

- Vous avouerez que ces arguments sont un peu tirés par les cheveux ?

"Écoutez, on a essayé de trouver un arrangement à l'amiable avec Brigand. Il était d'ailleurs d'accord pour rejouer seulement la prolongation à Dijon mais d'un point de vue réglementaire ce n'est pas possible. La Fédération n'a pas voulu entendre cette solution de bon sens. On passe vraiment pour les derniers des cons. Faites la même chose à Richer ou à Fournier et vous allez voir. Contre Rouen, on a accueilli 3500 personnes, j'ai des responsabilités vis à vis du club, des actionnaires, des joueurs également. En rentrant aux vestiaires, je me voyais mal leur dire, on ne fait rien. Je ne pouvais pas laisser passer ça. On est le seul sport ou l'arbitre n'est pas sanctionné, il s'agit d'un gros truc quand même."

- Si vous aviez gagné, auriez-vous agit de la sorte ?

"Non, je ne me serais pas auto-sacrifié. Pour moi, on n'a pas perdu puisque nous n'avons pas joué dans les règles. On ne va pas chercher les points sur le tapis vert, on veut juste refaire le match en suivant le règlement, c'est tout."

- Quand le CNOSF va-t-il examiner votre réclamation ?

"Le CNOSF statuera définitivement le 6 mars. Je suis confiant puisqu'il y a eu une faute technique indiscutable, je pense que la rencontre sera à rejouer à Grenoble."

Propos recueillis par Jérôme Roblot

 

Réponse. - Le président du CPHD Hockey Club, Claude Brigand, dément ces propos visant à certifier un accord entre les deux formations afin de rejouer la prolongation : "Jamais de la vie ! Il nous avait proposé de la rejouer après le match de Villard. C'est à cause de son intervention que l'arbitre du match, M. Benoist, a fait jouer la prolongation à trois de chaque côté, sinon, on aurait poursuivi à cinq de part et d'autre. D'ailleurs, à trois sur une grande glace, cela avantageait plutôt Grenoble plus habitué que nous à évoluer sur ce genre de piste. Je pense simplement qu'ils sont vexés d'avoir perdu contre nous. Je trouve que cela va un peu trop loin et qu'il s'agit du n'importe quoi."

 

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