Bonnard, le mal-aimé
Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (9 novembre 2002).
A 31 ans, Jean-François Bonnard focalise la haine des supporteurs adversaires. A Mulhouse avec l'équipe de France, le défenseur grenoblois s'explique. Surtout, il se défend d'être méchant. Dans la vie, il est même du genre bon père de famille.
"J'ai toujours été vaillant..." Jean-François Bonnard est le mal-aimé des patinoires. "A Mulhouse et Amiens, où les supporteurs sont chauds, j'entends pas mal de noms d'oiseaux", sourit-il. Le défenseur grenoblois est dur au marquage. Il n'hésite pas toujours longtemps au moment de sortir la boîte à gifles. Il ne prend pas plus de pénalités que les autres, mais sa réputation est faite.
Il ne lâche rien
Il l'entretient ici et là. Souvent lors de bagarres, comme à Grenoble, avec Juraj Faith. "Dans un match, j'ai parfois besoin d'évacuer. Il y a une soupape qu'il faut libérer. En plus, je n'aime pas perdre. C'est quelque chose qui me caractérise. Je ne lâche pas le moindre mètre carré à l'adversaire." Les sifflets l'accompagnent souvent. Il y est habitué. Et ne s'en offusque pas. "A l'extérieur, j'en fais les frais. C'est parfois dur. Mais cela fait partie du jeu. Je tolère, tant que cela ne dépasse pas certaines limites. Je suis humain. Un jour, si cela va trop loin, je ne sais pas ce que je ferais... "
Dur sur l'homme, il nie toute violence : "Je préfère en venir aux mains que donner un coup de crosse, comme d'autres. Là, c'est méchant. Une gifle ne tue pas." Sorti de la glace, il est du genre calme. Père de famille, il avoue profiter de ses instants de repos avec ses deux enfants. Quand il en a le temps, il s'en va jouer au golf. "Cela libère." Sinon, sa passion, c'est la cuisine. "Ma spécialité, c'est le foie gras. Je le fais moi-même. J'adore aussi les grands vins, surtout les bourgognes. Ceux qui me connaissent sont surpris de me découvrir sur la glace."
Intimidation
Il n'est alors plus le même. "Attention ! Le hockey, c'est quand même un sport de contacts. Et puis, cela fait partie du spectacle. Les gens viennent voir des gars qui se rentrent dedans. Si quelquefois, on en vient aux mains, ce n'est pas non plus de la boucherie." Un jeu physique permet aussi d'impressionner l'adversaire. Deux gifles peuvent intimider certains. "C'est psychologique..."
Originaire de Villard-de-Lans, Jean-François Bonnard a 31 ans. A Grenoble, il entraîne juniors et équipe Deux (2e division). "Je suis très sévère, annonce-t-il. Je connais toutes les ficelles et ne laisse rien passer. A mes joueurs, j'impose des règles strictes. Le respect de l'adversaire, c'est primordial. Aujourd'hui, on laisse beaucoup trop de liberté aux jeunes, sur la glace et en dehors. Pas chez moi."
Pour ses couleurs
A son poste, il en voit à chaque match. Des rouges et des pas tendres. "Une crosse, cela peut devenir une arme. Je le répète, je n'en donne pas des coups. Alors que beaucoup l'utilisent. Moi, je préfère les poings. Et puis, je défends toujours mes couleurs. Je me bats pour mon équipe." Il le fit à Milan, il continue avec Grenoble. Actuellement à Mulhouse, c'est pour le Bleu qu'il se bat.
Serge Bastide