Patinoire 1 - Sport 0
Article de La Nouvelle République (14 octobre 2002).
Jugeant que la sécurité des joueurs n’était plus assurée sur la glace, l’arbitre principal, Jimmy Bergamelli a pris la décision de stopper la rencontre après 11 minutes et 33 secondes de jeu. Triste soirée.
Tours-Dijon : 0-0
Match interrompu après 11’33 de jeu (glace impraticable).
1600 spectateurs.
Arbitre : M. Bergamelli
La physique a ses raisons que le hockey ne comprend pas. Si belle et si lisse pour la venue de Surya Bonaly et Philippe Candeloro, vendredi, la glace était de nouveau en piteux état, samedi soir. Par quel prodige ? Personne ne le sait. Evidemment.
Toujours est-il, qu’après seulement 9 minutes et 25 secondes de jeu, et une longue insistance de Frantisek Neckar, le gardien de but dijonnais, Jimmy Bergamelli, l’arbitre principal, a décidé de suspendre le match dix minutes à cause d’un trou creusé dans la zone de but.
Tours dominait alors largement les débats et s’apprêtaient à jouer sa deuxième supériorité numérique, suite aux punitions de Pazak (4’56), Smidriak (6’14) et Gillet (9’25).
L’intervention des services techniques, armés d’extincteurs, de seaux, de pelles et de truelles, comme il y a quinze jours lors de la venue d’Angers, n’a pas suffi cette fois. Et après vingt-cinq bonnes minutes d’interruption, l’arbitre a finalement pris la décision d’arrêter la rencontre (11’33).
Déçus, les joueurs se sont sportivement serré la main tandis que la majeure partie des 1600 spectateurs présents avalaient ses billets pour éviter de reprendre en chœur les noms d’oiseaux qui volaient en direction de la municipalité. Chaude ambiance mais triste soirée.
Pendant ce temps, sous les tribunes, Bergamelli éclairait sa position. "Pendant l’interruption, nous avons regardé le règlement sportif et effectivement, si la patinoire ne nous permet pas de continuer le match - comme c’était le cas ce soir - nous devons l’arrêter. Celui-ci sera rejoué sous quinze jours, après que la CNAG ait décidé de le rejouer sur telle ou telle patinoire suivant la disponibilité de la glace".
"La différence avec le match contre Angers, au cours duquel il y a eu le même type de problème, je crois, est que la glace était déficiente juste dans la zone du gardien" continue-t-il. Si le trou s’était formé au milieu de la patinoire, on aurait pu le réparer et continuer à jouer. Or là, il y avait toujours un joueur dessus, le gardien en l’occurrence, pour le piétiner".
"Un palet qui ne glisse pas, ça gêne le match" conclut-il. "Un morceau de glace en moins, c’est un gros risque de blessure pour les joueurs. Et notre travail, avant tout, est de préserver la sécurité des joueurs".
Souvent traités de paranoïaques, les hockeyeurs tourangeaux ont eu raison de se méfier. Leur petit doigt leur disait bien qu’après l’annonce faite de la prise en charge par Tour(s)Plus des travaux de réfection de la patinoire et l’exploit réalisé pour que le gala de vendredi glisse comme sur des roulettes, le feuilleton ne connaîtrait pas encore de "happy end".
Il faut dire que le secret des longues mauvaises séries TV est de proposer des centaines de rebondissements sans avoir jamais rien à raconter. La suite au prochain épisode avec, on peut d’ores et déjà l’annoncer, quinze jours de fermeture de la patinoire… pour la (re)réparer !
Julien Mallet
Ils ont dit
Millette : "Un vrai cauchemar"
Jean-Marie Bonneau, président de l’ASGTours : "les Dijonnais, avec deux blessés et deux joueurs qui sont partis cette semaine, ne voulaient pas jouer, par peur de perdre. Dans le peu qu’on ait vu, nous avons passé notre temps chez eux. Je pense effectivement qu’ils auraient perdu. Ils ont tout fait pour ne pas jouer ce match. Le gardien a donné quelques coups de bâtons. Les défenseurs aussi, cela a un tout petit peu accentué le truc. C’est de bonne guerre. Ils ont obtenu ce qu’ils voulaient".
Daniel Maric, entraîneur de Dijon : "Déjà, quand on est arrivé, il y avait un trou au milieu et puis on a été étonné de l’état de la glace. Mais on nous a tout de suite dit : 'Quand Angers et Besançon ont joué, c’était pire. Donc il n’y a pas de problème'. Nous n’avons pas refusé de monter sur la glace avant le coup d’envoi parce que cela n’était pas correct vis à vis du public. Mais si tous les samedis, c’est comme ça, Tours n’a plus qu’à mettre la clé sous la porte et aller jouer ailleurs".
Bob Millette, entraîneur de Tours : "Il y avait une belle glace pour Candeloro. Elle est pourrie pour nous. C’est dur à juger ces choses-là. Je suis un peu déçu encore parce qu’on était partis comme des fous. Avec douze lancers au filet contre un, on allait faire un gros score contre eux. La question, maintenant, c’est l’énergie qu’on met dans cette aventure depuis le début. On le voyait venir mais personne ne nous a pris au sérieux. Je fais un boulot de dingue ici pour remonter le hockey, je suis dur avec mes joueurs, je leur dis tout le temps de ne pas se chercher des excuses, on s’entraîne dans l’eau, avec des trous, et à chaque fois je leur dis que c’est fini, la semaine prochaine, la glace sera belle. Et clac, clac ! Là, ça fait trois semaines que c’est comme ça et maintenant je vais aller me taper du Romorantin pendant deux semaines, c’est un vrai cauchemar".