Piquemal au palet de la bière

 

Article de L'Alsace (17 avril 2002).

L'ancien attaquant du HC Mulhouse a rouvert il y a deux semaines le Passage, l'un des hauts lieux de la nuit mulhousienne.

Qu'ils soient hockeyeurs, basketteurs ou rugbymen, les sportifs de haut niveau sont rarement de tristes couche-tôt, au grand désespoir parfois de leurs entraîneurs et dirigeants. Mais si les hauts lieux de la vie nocturne n'ont pas de secrets pour eux, ils y réfléchissent plutôt à deux fois avant de franchir le pas - et le bar pour en faire sérieusement leur métier. Attaquant du Hockey Club Mulhouse jusqu'à la saison dernière, Karl Piquemal n'a pas eu à tergiverser avant de se reconvertir, à 29 ans : "Je m'étais fixé jusqu'à 30 ans avant de mettre un terme à ma carrière, mais avec la montée en Elite du HCM et l'arrivée de Christer Eriksson, le nouvel entraîneur, toute l'équipe a changé. Pour moi, ça a simplement accéléré les choses".

"Travail d'équipe"

Depuis son arrivée à Mulhouse, il y a six ans, le Spinalien menait de concert les deux activités : "Professionnel de hockey, ça t'occupe neuf mois par an. Et comme tu n'es pas professionnel de foot, tu n'as pas vraiment les moyens de te payer trois mois de vacances. A chaque intersaison du HCM, je faisais serveur au Galion, un autre bar du centre-ville. C'est là que j'ai appris le métier". Il faut dire que le petit Piquemal a de qui tenir : "J'ai fait du hockey parce que je suivais mon grand frère sur la glace quand j'avais deux ans. Après sa carrière professionnelle, il a ouvert une brasserie à Epinal. Comme moi, aujourd'hui, à Mulhouse. Non, vraiment, tout ça, c'est la faute de mon frère !", s'exclame l'attaquant du HCM, qui entraîne toujours les moustiques et poussins du hockey mineur. "Comme ça, je garde un contact avec la glace, explique-t-il. Pour l'instant, comme je viens d'ouvrir le bar, ce n'est pas évident de concilier les deux, mais j'ai de la chance : les dirigeants du club sont assez compréhensifs". S'il garde un pied dans les patins, l'ancien Scorpion n'a en revanche pas eu de mal à quitter la compétition. "Je pensais que ce serait plus dur d'arrêter, mais comme la transition s'est faite très rapidement, je n'ai pas vraiment eu le temps de gamberger". Professionnel de hockey, il a découvert en vrac les us et contraintes du gérant de débit de boisson : "Gérer une carrière de hockey, c'est simple : tu n'as toujours affaire qu'à un président, un entraîneur. Mais pour ouvrir un bar, c'est hyper dur : tu as des tonnes de papiers à remplir, de démarches administratives à faire. Ça représente 50 % du boulot. En fait, une fois que tu as ouvert, c'est beaucoup plus cool !" Avec ses deux associés, Karl Piquemal a également dû s'improviser chef décorateur : "La seule chose qu'on ait gardé de l'ancien Passage, c'est le zinc, qui a cent ans cette année. Sinon, on a tout refait. Un vrai travail d'équipe : trois personnes, ça veut dire trois visions des choses. Tu mets toutes les idées dans un shaker, tu agites, et ça donne... ça. Et on a encore plein de projets : être connecté sur internet pour échanger des images de boîtes du monde entier, des choses comme ça. Mais ce n'est pas pour tout de suite". Rien ne presse : après tout, la saison ne fait encore que commencer, non ?

 

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