Hiadlovsky, l'enfant terrible

 

Article de La Nouvelle République (21 novembre 2001).

Chacune de ses sorties ressemble à un festival. En moins d'un mois, le spectaculaire gardien du temple des Diables noirs a déjà mis le public dans sa poche.

Balancé sous les feux de la rampe par Bob Millette, son mentor, Vladimir Hiadlovsky est déjà une vedette. Ses extravagances sur la glace en ont fait le chouchou du public. Une foule qu'il adore, surtout quand elle scande son nom avant de chanter : "Il est vraiment, il est vraiment phénoménal, lalala..."

Il faut dire que le fait d'être ainsi propulsé au milieu de l'arène, caché derrière sa mitaine, son masque et ses imposantes jambières, lui donne enfin l'occasion de ressembler à son gardien de père. Son héros, mais aussi son rêve depuis qu'il a débuté le hockey au Dukla Trencin (Slovaquie), l'année de son quatrième printemps.

"C'est une vieille histoire de famille", explique Vladimir, dans un français qui tourne vite au 'rosbif'. "Mon père m'a mis sur la glace dans le club où il était gardien, je ne voyais, je ne suivais que lui. Quand il est parti jouer une saison à Zell am See, en Autriche, j'étais également dans ses valises. J'avais douze ans. Puis la Tchécoslovaquie s'est divisée en deux républiques et il est devenu "goaler" international de l'équipe slovaque. Je n'avais pas d'autres idoles."

Si l'élève n'a pas encore dépassé le maître, devenu entraîneur à Trencin, il entend bien profiter de sa saison tourangelle pour exploser. Se faire remarquer et, surtout, couper le cordon. "Chez moi, en élite, je n'étais que la doublure du gardien en poste" continue le jeune Slovaque. "Je suis venu ici pour prendre de l'expérience, faire des matchs plutôt que d'être sur le banc."

"Je tiens ça de mon père"

Révélation de ce début de saison, Hiadlovsky tient dans sa mitaine l'avenir de l'ASGT. Il n'est pas le seul, bien entendu, mais à l'heure où, dans le hockey, il est communément admis que le gardien de but compte pour plus de la moitié des résultats de son équipe, on imagine aisément le fardeau qui pèse sur les épaules de ce môme de 22 ans. Cela explique en partie pourquoi, contre Gap, il y a deux semaines, et plus récemment contre Dunkerque, il s'est permis les quelques petites fantaisies qui font de lui l'enfant terrible des Diables noirs. Un enfant qu'on chérit mais qui aurait parfois besoin de se faire taper sur les doigts quand il se rebelle contre l'arbitrage ou monte sur ses cages pour faire le pitre. Mais que voulez-vous... "Je tiens ça de mon père qui le faisait après chaque match" se défend Vladimir "Cela me faisait beaucoup rire".

"Il en a besoin", conclut Bob Millette. "C'est sa façon à lui de se mettre dans le match, dans l'ambiance. Certains hockeyeurs ont besoin de chambrer leur adversaire pour se motiver. Lui, c'est d'être très démonstratif. Il fait la même chose à l'entraînement quand il arrête un bon shoot. C'est dans son caractère. C'est un battant, un gagneur, un bosseur. Et pour moi, quand un gars travaille, je peux lui pardonner beaucoup."

 

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