Chronique d'une mort annoncée
Article du Républicain de l'Essonne (26 juillet 2001).
Après plusieurs saisons sur le fil du rasoir (financièrement et sportivement) l'OHC Viry-Essonne ne repartira pas en championnat de France Elite à la rentrée. Les tensions entre le club et la municipalité ont eu raison d'un des fleurons de la formation française.
Après une saison plutôt réussie, marquée par des titres de champion de France obtenus dans toutes les catégories de jeunes (des cadets aux juniors), les Jets, dont sept joueurs sont également champions du monde avec l'équipe de France des moins de 20 ans, sont contraints de tirer un trait sur leur participation au prochain championnat de France Elite.
Pour Gabriel Amard et ses collaborateurs à la mairie de Viry-Châtillon, cet état de fait est "la conséquence d'une mauvaise gestion des subventions allouées au club". La volonté de la municipalité est de "réduire le déficit du club (Ndlr : 1,3 million de francs) au plus vite par un plan de redressement efficace". De plus, la municipalité reproche au club "sa masse salariale, qui a augmenté de 700 000 à 1,11 million de francs de 1999 à 2001".
Du côté de l'OHC, le président Pascal Papaux se dit "étonné de ces reproches, car le club présente quatre comptes d'exploitation par saison ainsi qu'une liste détaillée de la masse salariale annuelle de l'équipe à la mairie". "Le problème ne vient pas de ces arguments, mais du fait que la ville veut se séparer de l'équipe professionnelle et de ses dirigeants, poursuit-il. C'est pourquoi les motifs invoqués pour nous faire arrêter se sont succédé : pas assez de Castelvirois, puis de Franciliens et enfin les problèmes de dette et de masse salariale". L'équipe dirigeante a donc préféré, la semaine dernière, démissionner en bloc et personne ne s'est présenté pour reprendre le flambeau.
La ligue nationale est surprise. Bernard Bourandy, le président de la commission de contrôle et de gestion des sports sur glace, avait d'ailleurs accordé un sursis au club pour la prochaine saison. Il ne voit désormais "plus de solution" et doit se résigner à voir "le championnat Elite débuter avec seulement sept équipes (Ndlr : Rouen, Anglet, Reims, Grenoble, Amiens, Angers et Mulhouse)". Du côté des joueurs, l'été s'annonce délicat. Le capitaine de l'équipe, Sébastien Roujon, préfère "ne rien déclarer pour le moment et attendre de voir l'évolution de la situation". Pourtant, de nombreux joueurs sont déjà en contacts avancés avec les clubs de Mulhouse, Megève, Dijon et Strasbourg. Le départ des joueurs, libres de tout engagement, n'est pas encore inéluctable.
On parle désormais d'un rapprochement entre l'OHC Viry et la SCA 2000 Evry, qui évolue en Nationale 2 (voir encadré), dès la saison prochaine. Mais, pour Pascal Papaux, cette solution est synonyme de "perte d'identité pour Viry, car elle ne repose sur aucune réalité sportive". Bref, c'est tout un édifice qui s'écroule, des seniors qui n'auront plus aucune équipe aux jeunes qui n'auront plus ni entraîneur diplômé, ni pôle espoir pour leur encadrement. Une page est en train de se tourner, mais espérons que les Jets pourront redécoller bientôt.
Michaël Cesaratto
"Un projet viable du jour au lendemain"
Dès l'annonce du retrait de l'OHC Viry du championnat Elite par la commission de contrôle et de gestion des sports de glace, Sylvain Devaux, président de la section hockey sur glace du SCA 2000 Evry, a proposé un plan de fusion entre son club et son homologue virois avec lequel il collabore depuis trois ans au niveau des jeunes. "L'idée est de transférer à Evry le pôle de formation mis en place à Viry afin d'élargir la base (300 licenciés) et de maintenir l'outil. Ce serait une structure purement amateur mais de haut niveau, car en fusionnant, nous espérons jouer à court terme en Nationale 1. C'est un projet viable du jour au lendemain. La balle est désormais dans le camp des politiques. La mairie de Viry et le conseil général de l'Essonne doivent se mettre d'accord d'ici la fin de la semaine". Mais il ne faut pas trop tarder.