Viry joue son avenir

 

Article du Parisien (1er juillet 2001).

Pascal Papaux tire nerveusement sur sa cigarette. Le président de l'OHC Viry est soucieux. Et avec lui tous les membres du club réunis vendredi soir en assemblée générale.

En dix minutes, Simone Matthieu, élue aux affaires sportives, vient de réduire à néant trois ans d'efforts. Derrière ses lunettes, l'élue vient d'annoncer que la municipalité avait décidé de revoir largement à la baisse la subvention allouée aux hockeyeurs virois. Un mauvais coup de crosse qui pourrait bien être fatal à un club en proie à des difficultés financières chroniques. Si la mairie divise par deux les crédits octroyés cette saison (695 000 F, soit 105 952 €), le conseil général, l'autre partenaire financier qui versait pour sa part 600 000 F (91 469 €), sera forcé de s'aligner.

Cette annonce brutale ne laisse aux dirigeants virois qu'un mois et demi pour trouver un investisseur privé. Autant dire qu'en cette période de l'année, c'est mission impossible. Si la position de la municipalité ne change pas, le comité directeur menace de démissionner en bloc, car avec aucun repreneur sérieux en vue, une issue funeste semble inéluctable. C'est la mort programmée du hockey à Viry.

Un vilain crash pour des Jets qui ont trusté cette année tous les trophées chez les jeunes et notamment un titre de champion de France juniors.

Pourquoi la ville lâche-t-elle l'unique formation essonnienne (et francilienne) évoluant depuis des décennies en Elite, l'équivalent de la D1 au foot ? "Parce que sur les 185 licenciés au club, il n'y a que 40 Virois, répond Mme Matthieu. Notre volonté n'est pas de supprimer l'équipe première. Mais le club ressemble de plus en plus à une équipe francilienne que nous n'avons pas vocation à financer." Un argument accueilli par l'assemblée comme discriminatoire. "Je réside à Morsang-sur-Orge, une ville qui ne possède pas de patinoire, explique un père de famille. Mon gamin n'aurait donc pas le droit de jouer au hockey sous prétexte qu'il n'habite pas la commune ? C'est étrange."

"Un cinéma vient d'être reconstruit avec l'argent du contribuable virois, lance un dirigeant. Si on suit ce raisonnement, seuls les habitants de la ville pourront le fréquenter. Sur un groupe de vingt joueurs évoluant en Elite, cinq sont originaires de Viry. Certains autres ont gravi tous les échelons au club. Aucune autre équipe en France ne pratique une telle politique de formation."

Simone Matthieu propose alors d'organiser ce soir une nouvelle table ronde. Le palet reste dans le camp de la municipalité.

Julien Bergognon

 

 

"Je reste confiant"

Pascal Papaux, président de l'OHC Viry.

L'homme fort du hockey virois, qui ne cache pas sa surprise vis-à-vis de l'attitude municipale, refuse de baisser les bras.

- Que pensez-vous de la décision de la municipalité ?

Je suis surpris et déçu. Ce mode de fonctionnement me rappelle celui de Danone. La municipalité a pris sa décision de manière unilatérale. Cela fait quinze jours que je demande un rendez-vous avec M. Amard (NDLR : maire PS de Viry). J'attends toujours. Le cynisme semble faire partie de sa méthode. Il n'a absolument pas mesuré les conséquences sociales d'une telle mesure.

- Que voulez-vous dire ?

Douze éducateurs salariés par le club risquent de perdre leur emploi. Nous avons aussi signé des contrats avec des joueurs et des fournisseurs que l'on ne pourra pas honorer. La ville nous avait pourtant donné son accord pour la création d'un pôle de formation espoir. Ce retournement de situation est énorme.

- Restez-vous confiant avant la nouvelle réunion prévue ce soir ?

Oui, il faut que la municipalité reconduise sa subvention. Sinon, on ne pourra pas terminer la saison. Mais la ville a des valeurs à défendre. Le bon sens doit l'emporter.

Propos recueillis par J. B.

 

 

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