Et si l'on devenait ambitieux ?

 

Article du Dauphiné Libéré (16 janvier 2001).

Les Grenoblois semblent perdre peu à peu leurs complexes et nourrir plus d'ambitions pour les play-off. Même si le retard accumulé par un début de saison médiocre leur offre une perspective délicate en quart de finale.

Bien sûr, c'est une défaite, la onzième de la saison. Bien sûr, la 4è place détenue par une équipe d'Anglet flamboyante (9-2 contre Amiens !) s'éloigne un peu plus. Bien sûr, les Brûleurs de Loups ont encore encaissé un but rapidement (48 secondes de jeu !). Oui mais voilà, cette formation grenobloise commence (il était temps) à trouver cette subtile alchimie qui transforme les équipes de milieu de tableau en trouble-fête parfait.

Titiller les Dragons rouennais dans leur fief - et soutenus par 3000 spectateurs enthousiastes -, la mission était des plus délicates. Surtout que les Grenoblois ont pris la fâcheuse habitude des démarrages poussifs. Après deux buts encaissés face à Angers mardi, ils en ont cette fois encaissé un avant la fin de la première minute ! "La maladie est la même depuis longtemps, reconnaît Fokine. Ce n'est pas un problème tactique, il n'est pas dû au déplacement car nous avons les mêmes problèmes à domicile. C'est la concentration qui est en cause". Ce que le directeur sportif, Jean-Philippe Lemoine, traduit par : "Chacun doit se mettre un bon coup de pied au c... Car, à Rouen, nos adversaires nous ont mis une pression d'entre pendant les cinq premières minutes. Et même si l'on réagit bien par la suite, on est obligé de courir après le score, ce qui est loin d'être une position confortable".

Samedi, comme mardi, Dimitri Fokine a encore usé des ficelles du coaching pour remettre en question ceux qu'il estimait en retrait (la 2è ligne Fleutot-Guillemard-Benoît Bachelet) pour les remplacer par les jeunes : "J'ai trouvé que ce bloc manquait de feeling et j'ai donc intégré les jeunes pendant la deuxième période, même si, par la suite, alors que le match était serré, j'ai remis ces joueurs plus expérimentés". Il n'empêche, plus aucun homme ne semble à l'abri au moindre écart. A cet effet, le troisième bloc, montré du doigt contre Angers, s'est ressaisi : "Effectivement, leur comportement m'a satisfait", confirme l'entraîneur.

A court terme, les Brûleurs de Loups paraissent tirer bénéfice de ce coaching sauce grenobloise. Mais encore faut-il aujourd'hui s'inscrire dans la durée, car les promesses nées avec ce début 2001 encourageant doivent se muer en actes concrets, et propulser vers les séries finales une équipe qui a plus de potentiel que son classement ne l'indique et qu'elle ne le sait peut-être. Un potentiel illustré à merveille par son gardien remplaçant, Arnaud Goetz, qui remplaçait à Rouen Patrick Rolland, touché aux adducteurs. Confiné dans un rôle délicat pour un poste de cette importance, le jeune Arnaud a réalisé des prouesses, notamment en fin de match devant Genest. Une partition remarquable qui n'a pas évité la défaite des siens, dont Fokine avoue "qu'ils manquent toujours de vécu commun. Par rapport à nos adversaires, nous avons parfois plus de mal à nous adapter à certaines situations. C'est là que Christian Pouget nous est d'un grand secours. Dans les vestiaires comme sur la glace, c'est un leader. Un homme qui transmet sa motivation et dit la vérité à ses coéquipiers, même si elle n'est pas toujours agréable".

Au sein d'une formation où la valeur des places grimpe nettement plus vite que l'inflation, chacun est appelé à batailler pour prétendre aux premiers rangs. Est-ce pour cette raison, comme le note Lemoine, que "les erreurs défensives se raréfient vraiment" ? Toujours est-il que les Grenoblois sont armés pour jouer les empêcheurs de tourner en rond face aux grosses écuries. Un terme qui ne s'applique pas encore aux Isérois. Mais, vu l'évolution d'un championnat de plus en plus serré, le cercle des favoris a tendance à s'élargir. Et Grenoble aimerait bien s'y inviter.

Jean-Benoît Vigny

 

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