A.S.G.A. : Marcel Francotte, "nous sommes dans l'amateurisme"
Article d'Angers Journal (10 janvier 2001).
Marcel Francotte, président de la Fédération Française de Sports de Glace section hockey, dresse un bilan après quelques mois d'activité à travers quelques révélations surprenantes. Le point sur un grand chantier. Entretien.
Angers Journal : Vous avez déclaré récemment que le hockey professionnel n'existait pas ?
Marcel Francotte : Il n'existe pas au niveau de l'argent donné aux joueurs, il existe bien sûr dans son fonctionnement. Il faudrait davantage d'entrées guichets, des sponsors, afin de payer davantage les joueurs. Prenez Viry, qui dispose d'un budget d'1,8 millions de francs. C'est un budget équivalent à celui de l'association qui gère le sport amateur au rugby. C'est dommage, car c'est un club qui œuvre beaucoup pour les jeunes. Nous sommes dans l'amateurisme. Un club de hockey qui ne peut garantir de salaire convenable qu'à huit joueurs sur 23 n'est pas professionnel. Un joueur qui gagne 15.000 francs par mois n'est pas très gourmand ! La saison ne dure pas longtemps... Il faudrait trouver un sponsor général pour le championnat de France.
A.J. : Comment se déroule votre installation au poste de président de la Fédération ?
M.F. : Bien, ce ne sont pas des sauvages ! Je suis passé du rugby au hockey et en même temps, j'ai enlevé quelques zéros. Lorsque vous comparez le budget d'un club national de rugby, environ 45 millions de francs à celui d'un club de hockey comme Rouen ou Reims, par exemple, qui est de 8 millions, vous constatez une sacrée différence !
A.J. : Comment gérer ce problème ?
M.F. : C'est assez difficile. Il s'agit d'éviter qu'un club champion de France dépose le bilan l'année d'après. C'est ce qui se passe depuis quelques temps. Je ne peux pas cependant entamer une révolution. Un des gros problèmes constitue également le rapport des clubs avec l'équipe de France.
A.J. : Un problème de calendrier ?
M.F. : Oui, vous savez, le hockey est un sport spécial. Les joueurs évoluent par tranches de quarante secondes, ils peuvent disputer un certain nombre de matchs. Certains présidents considèrent néanmoins que l'équipe de France occupe trop de terrain. On peut les comprendre, ils n'ont pas envie de voir leurs joueurs s'esquinter en équipe nationale et ne pas pouvoir disputer le championnat. C'est ce qui est arrivé récemment au président de Reims, dont deux éléments sont actuellement indisponibles. Si on continue avec le même calendrier, on connaîtra les même problèmes qu'au rugby.
A.J. : Le dopage existe-t-il dans le milieu du hockey ?
M.F. : Je ne tiens pas vraiment à m'étendre sur le sujet et semer le trouble. Cependant, il est certain que ce problème doit exister dans notre sport. Vous savez, il est impossible à résoudre, ce n'est même pas la peine d'en parler.
A.J. : Il paraît tout de même difficile d'alléger le calendrier des joueurs...
M.F. : C'est quand même étonnant de voir une équipe disputer 28 matchs pour arriver aux play-off. D'autant qu'il y a un gros problème, par rapport aux déplacements. Une formation comme Viry parcourt beaucoup moins de kilomètres qu'Anglet, par exemple. Cela se traduit par une économie en énergie et en argent, également. J'ai un projet, qui consiste à créer deux poules géographiques de 6 équipes. Nous ne pouvons encore rien entamer, la saison n'est pas terminée. Cela engendrerait moins de matchs et de déplacements.
A.J. : Quels sont les clubs, pour le moment, qui fonctionnent réellement dans le championnat Elite ?
M.F. : Il y a Rouen, Reims, Amiens et Angers. Ce sont des clubs dont les infrastructures sont convenables. Cependant, ce n'est pas encore énorme. Les quatre matchs de championnat, lors de chaque journée, regroupent au total 4500 spectateurs environ. Plutôt faible ! Le gros problème vient des médias, qui ne sont pas intéressés. Ils sont trop occupés par le football, ou même le rugby. Heureusement, j'ai découvert chez les dirigeants des personnes passionnées par ce sport. Il se battent pour leur club.
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