Le salut passera par l'extérieur
Article du Dauphiné Libéré (12 décembre 2000).
Les Brûleurs de Loups grignotent doucement leur retard sur les 4è et 5è places, à grand coup d'énergie et de talent à domicile. Mais c'est sans doute à l'extérieur, à partir du 6 janvier, qu'il leur faudra quérir ces précieux points, avant les séries finales.
Il n'y a pas que des champs de betteraves et de beaux équipements sportifs dans la Somme. Depuis samedi, on sait que ce département possède une équipe de hockey talentueuse mais friable, une épreuve cycliste dont Andy Flickinger (qui donnait le coup d'envoi avec Jérôme Neuville) a terminé deuxième et... une nouvelle petite reine picarde, alias Miss France, pour envelopper le tout !
Pour l'élection de l'ambassadrice du mauvais goût et du superficiel en maillot de bain, l'Isère devra repasser. Pour les équipements aussi. Question hockey par contre, les Brûleurs de Loups ont montré de sacrées ressources, pour une équipe perturbée par l'absence de quatre joueurs majeurs : Nokkosmäki, Fleutot et Guillemard, que Rolland Fougère, touché au dos, est venu rejoindre. << D'où l'utilité de disposer d'un groupe étoffé, avec des solutions à tous les postes >>, se félicitait le directeur sportif, Jean-Philippe Lemoine. Cela dit, par le truchement des pénalités délivrées au p'tit bonheur la chance par un arbitrage très moyen, ce sont les "cadres" de l'équipe qui furent amenés à évoluer plus souvent qu'à leur tour. Supériorités par ci, infériorités par là, quatre contre quatre encore, les situations à égalité numérique furent finalement peu nombreuses. Dans ce contexte, Billiéras, Boccard ou Borgnet on effectivement vu leur temps de glace fondre comme la glace de la patinoire. Réduits à cinq défenseurs, l'arrière-garde iséroise a heureusement pu compter sur un Jean-François Bonnard des grands soirs. Lui qui sécurise traditionnellement le secteur défensif, a ajouté cette année des relances énergiques, des shoots précis et, depuis samedi, le plus beau "coast to coast" de la saison. Un fait d'armes qui récompense un joueur pas toujours apprécié des supporters adverses, mais dont l'utilité, la disponibilité et l'esprit doivent constituer un exemple pour les plus jeunes de ses coéquipiers.
A l'attaque, et même s'il serait grotesque de l'ériger en Messie, comment ne pas évoquer, une fois de plus, Christian Pouget. Voilà six matchs qu'il a intégré l'équipe grenobloise, pour un bilan assez clair : trois victoires, deux nuls, une défaite. A signaler que, lors de cet unique revers (à Anglet), il n'a joué qu'un petit tiers, victime d'une gastro-entérite ! << Vous en faites un peu trop, disait-il pourtant samedi soir ! J'ai beaucoup de réussite sur mon deuxième but, le palet retombe en feuille morte dans la lucarne, après plusieurs tentatives ratées. Heureusement, car nous n'avions pas réussi notre deuxième tiers, avec cette succession de jeux de puissance qui fatigue les uns quand les autres ne sont plus dans le match. Il fallait se ressaisir pour ne pas gâcher cette partie bien engagée. Ça a mal commencé en troisième période, avec le 3è but amiénois, mais l'équipe a montré son caractère et une très bonne condition physique grâce au travail de l'entraîneur. Là, on se rapproche petit à petit des 4è et 5è places (respectivement à trois et un points), il ne faudra pas lâcher. En tous cas, les joueurs touchent les dividendes de la préparation physique estivale de l'entraîneur >>. En toute modestie pourtant, Pouget avoue : << Je n'ai pas encore retrouvé mon niveau ! Ce soir, je ne me sentais pas en grande forme, je peux mieux faire... >>. Toujours est-il que, s'il peut effectivement améliorer son rendement (on en salive d'avance), il trace surtout la voie à suivre pour ses coéquipiers. Et emmène dans son sillage une équipe fringante et revigorée qui, une fois au complet en janvier, pourra effectivement se présenter en outsider parfait de l'élite. Mais du faux-pas à l'excellence, la marge restera toujours étroite dans ce championnat de plus en plus resserré.
Jean-Benoît Vigny