Eric Raymond fait front

 

Article de Sud-Ouest (8 décembre 2000).

Avec le gardien québécois, les cages de l'Hormadi sont bien gardées. Voilà déjà trois saisons que l'homme de Montréal tient la baraque des Orques.

Pas facile d'être gardien de hockey sur glace. Le job relève d'un véritable sacerdoce et nécessite à tout le moins une bonne dose de passion. Car c'est tout sauf un jeu d'enfant que d'attraper un palet qui fuse et peut se nicher dans un trou de souris. Anticiper sur les déviations, avoir le bon réflexe sur une frappe voilée, se trouver toujours au bon endroit sont des qualités qui nécessitent une réelle science de la glace.

<< Il y a énormément de technique dans le métier de gardien >>, confirme Eric Raymond, le portier de l'Hormadi. << Il faut être capable d'être mentalement très fort, capable d'une grosse concentration et aussi d'être très rapide dans l'action, mais cela ne suffit pas, car il faut encore juger chaque mouvement et se placer de telle sorte que l'on soit sur la trajectoire du palet >> confie ce Québécois de 28 ans, qui a rejoint les cages depuis ses plus jeunes années de patinage. Sans plus jamais les quitter depuis.

Expérience américaine

Né à Montréal, formé dans différents clubs de la capitale, Eric Raymond a grandi dans un pays où le moindre bassin aquatique devient une patinoire naturelle avec l'arrivée de l'hiver. Autant dire que le hockey, sport-roi au Canada, est pratiqué de manière spontanée par tout Québécois qui se respecte. Et pour peu qu'il possède quelques aptitudes, l'opportunité peut être très vite là de se lancer sur le circuit professionnel.

C'est en tout cas la belle aventure que s'est offerte ce jeune homme dont l'accent bien trempé ne saurait trahir les origines. A 20 ans, il a en effet choisi de quitter ses terres natales pour tenter sa chance aux Etats-Unis. Quatre saisons chez les pros américains et une expérience de vie passionnante dans un pays où il a également rencontré sa future épouse Robin, étudiante en psychologie, qui partage depuis lors son temps entre ses séjours à l'université et la vie de hockeyeur de son homme.

Face à la concurrence très vive des jeunes qui poussent inlassablement, Eric Raymond choisit ensuite de mettre le cap sur l'Europe. D'abord l'Angleterre pour une saison à Manchester, puis la France où l'invite Rouen. Et puis, en 98, le Québécois choisit de pousser sa conquête européenne vers le sud en posant son sac et sa crosse sur les bords de l'Adour. << La région me plaisait beaucoup plus que la Normandie ou encore l'Angleterre >>, dit-il.

Vie européenne

<< Sur un plan sportif, cela représentait un beau défi, l'Hormadi est un club qui va de l'avant, qui se structure et qui s'organise >> ajoute le portier qui ne regrette en rien son choix. << Bien sûr, les différences sont de taille avec ce que j'ai connu précédemment, ici c'est un village où tout le monde se connaît, mais je trouve cela plutôt sympathique. C'est comme l'atmosphère dans la patinoire, ce côté chaleureux surprend au début, mais c'est drôlement motivant et puis, une fois qu'on se trouve sur la glace, on oublie toutes les différences. C'est le même sport qu'ailleurs. >>

Sur son propre avenir, Eric Raymond n'a pas arrêté de projet précis. Il décidera à la fin de la saison si sa carrière se poursuivra du côté de la Barre ou d'ailleurs. Ce qu'il sait, c'est qu'à la fin de son parcours de joueur, il retournera au Canada où se trouvent ses racines, sa famille et ses amis. Sans doute pour enfourcher, comme de nombreux ex-hockeyeurs du crû, une reconversion commerciale chez un équipementier sportif.

Mais ce temps-là est encore loin. Pour l'heure, Eric et son épouse se consacrent à leur vie européenne et profiteront d'ailleurs de la trêve hivernale - elle commencera dès la fin du match de samedi soir contre Angers - pour voyager. Et puis, pour le gardien de l'Hormadi, il est important que le club réalise une bonne performance sur le plan sportif cette année, ce qui lui paraît tout à fait réalisable.

<< La ligue est mieux équilibrée cette saison, dit-il. De plus, ce qui nous aide, c'est que la plupart des joueurs sont là depuis deux ans au moins. A force de jouer ensemble, on ne cesse de s'améliorer. >>

Philippe Hemmert

 

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