Lepers ne se pose plus de questions

 

Article du Dauphiné Libéré (26 octobre 2000).

Après plusieurs saisons loin de ses origines grenobloises, Christopher Lepers a retrouvé ses repères en Isère. Pour une revanche sur le sort qui ne l'a pas gâté l'an dernier, et relancer autant sa carrière que ces Brûleurs de Loups qui lui tiennent à cœur.

Parents, méfiez-vous quand vous habillez vos enfants. Car cela peut leur donner des idées. Tenez, Christopher Lepers, défenseur aux Brûleurs de Loups, doit sa passion à un... pyjama ! << J'ai vécu à Lille jusqu'à l'âge de 7 ans. Pas vraiment une région de hockey, quoi ! Mais j'avais un pyjama avec des hockeyeurs dessus, et ça m'intriguait. Quand nous sommes arrivés à Grenoble, mon père m'a amené à la patinoire. Le lendemain, j'achetais des patins >>.

L'attachement de Christopher pour le palet ne se démentira plus, mais son parcours connaîtra des méandres étonnants. Car, une fois lancée, sa carrière le transporta d'un club à un autre, avec des fortunes diverses. A 25 ans, il a déjà posé ses guêtres à Strasbourg, Chamonix, puis Reims, avant un retour aux sources grenobloises : << Revenir ici était la priorité des priorités, avoue-t-il aujourd'hui. Même en ne sachant pas si le club remontait effectivement en élite, j'avais choisi. J'avais certes d'autres touches (Amiens était la plus sérieuse), mais une chose était sûre : je ne voulais plus évoluer dans le nord de la France >>. Le ciel bas, le plat pays, les champs de betteraves ou les vignes qui pétillent, passez votre tour, merci ! << Pourtant, je garde notamment un excellent souvenir de Strasbourg (division 1), une équipe où j'ai énormément progressé. Je "bouffais" de la glace, grâce à un gros temps de jeu qui m'a permis de monter en puissance >>.

L'élite lui tendra les bras en Haute-Savoie et ses performances attireront même l'intérêt de l'équipe de France qui l'accueillera quelque temps. Mais son exil rémois, l'an passé, sonnera le glas de ses perspectives internationales... et même nationales. Une grosse galère : << C'est le président rémois, Charles Marcelle, qui m'a recruté mais je n'entrais absolument pas dans les plans de l'entraîneur (Jari Gronstrand). Il m'a vite fait comprendre que je ne jouerais qu'en cas de blessures des titulaires. Et, après quelques rencontres en début d'année, j'ai fait banquette >>. La vie rémoise n'étant pas beaucoup plus excitante qu'un dimanche après-midi ensoleillé devant la télévision, l'année de Christopher s'apparente vite à une sale aventure de bout de banc, d'entraînements sans récompense... << Malgré ces problèmes relationnels, j'ai persévéré en essayant d'infléchir sa position mais rien n'est arrivé. Alors, j'ai attendu la fin d'année pour faire mes valises >>.

Champion de France avec une équipe qui ne voulait pas de lui, il endosse donc le maillot isérois avec bonheur, même si l'entame de championnat ne répond pas à ses attentes : << Vus notre préparation et nos matchs amicaux, je pensais que nous gagnerions plus de rencontres. Mais nous avons du mal à finir nos actions devant, et à garder notre assise avec des défenseurs qui montent beaucoup pour presser >>. Pour autant, à l'image d'un groupe qui vit plutôt sereinement cette traversée du désert, il ne panique pas : << Si on avait perdu à Viry, là oui, il y aurait eu mini-crise. Mais on leur plante cinq buts en se rassurant derrière >>.

Associé initialement à Frédéric Borgnet, Lepers évolue désormais aux côtés de Stéphane Gachet << avec qui j'avais un peu joué en équipe de France. Mais, changer de partenaire en défense n'est pas compliqué, dans la mesure où le schéma tactique est le même. Il suffit de communiquer entre nous, pour voir comment on aborde certaines phases de jeu >>.

La défense sera de toute façon appelée à fournir une grosse performance, samedi face à Rouen, meilleure attaque de l'élite avec 44 buts. << A Rouen, nous avions perdu de peu en fournissant une bonne prestation. Cette fois, nous serons (enfin) devant notre public. A nous de faire encore mieux. Et si on parvient à les battre, on repartira irrémédiablement de l'avant. N'oublions pas que la saison est longue. La chance et la réussite ne nous fuirons pas éternellement. >>

Passé Rouen, il sera temps de songer à la réception de Reims, mardi 31. Et pour ce match, on en connaît un qui sera particulièrement motivé...

Jean-Benoît Vigny

 

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