Ça a quel goût, une victoire ?

 

Article du Dauphiné Libéré (24 octobre 2000).

Deux petits succès à se mettre sous la dent, c'est bien faible pour une équipe grenobloise qui a indéniablement les moyens de faire mieux. Le capitaine Benoît Bachelet ne baisse pourtant pas les bras. Le redressement doit commencer ce soir à Viry.

Les Brûleurs de Loups ne s'attendaient pas à ça. Certes, personne, pas même eux, ne croyait à un retour en fanfare en élite, face à des cylindrées mieux armées et des effectifs qui se connaissent depuis un moment. Mais de là à enregistrer six défaites en huit journées, il y avait un pas que nul n'osait franchir.

Et pourtant, Grenoble affiche ce triste bilan : << Nous n'avons pourtant jamais reçu de raclée, témoigne Benoît Bachelet, ce qui nous différencie, jusqu'ici, d'une formation comme Viry, défaite 9-1 à Rouen il y a peu. Mais, au total, nous ne possédons que quatre maigres points >>. L'arithmétique ignore tout du beau jeu déployé, ou de ces rencontres qui auraient pu basculer si... << Le dernier match à Amiens est un bon résumé de notre début de saison. On joue bien, on tient largement le choc physiquement et on peut revenir de Picardie avec une victoire, sans qu'il n'y ait de hold-up. Et pourtant, en raison d'erreurs individuelles, le succès s'envole au troisième tiers alors que nous menions 3-2 à dix minutes de la fin >>.

Les changements effectués par Dimitri Fokine dans les lignes ont pourtant incontestablement fait du bien au rendement du groupe. Seulement, le problème de l'efficacité reste d'actualité, les Brûleurs de Loups disposant de l'attaque la moins prolifique de l'élite ! De là à dire qu'il manque un buteur à cette équipe, Benoît Bachelet nuance : << C'est toujours pareil : quand tout va mal, la réussite vous fuit et on a beau essayer, on tombe toujours sur un gardien en état de grâce, ou un zeste de malchance. A l'inverse, avec la confiance nourrie par une série de victoires, tout sourit >>. Il n'y a qu'à se rappeler de cette équipe championne de France en 98, dont faisait partie Benoît Bachelet, qui s'imposa sept fois (sur sept), en mort subite ! Mais, outre l'immense talent qui parsemait chaque ligne de cette version magique de Grenoble, c'est surtout l'expérience qui fait défaut : << Parfois, il faut savoir mal jouer pour être efficace. Il n'y a pas de honte à envoyer un palet en dégagement interdit quand ça sent le roussi, plutôt que de tenter une jolie sortie de zone qui, si elle ne fonctionne pas, peut coûter cher. Des raisons à nos échecs, de toute façon, il y en a cent mille. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut sortir vite de cette sale spirale. Car aujourd'hui, ces défaites nous déstabilisent dans les moments délicats des rencontres, et rend tout le monde plus tendu qu'il ne le faudrait >>.

Capitaine d'un navire qui tangue sans couler, le capitaine grenoblois s'investit forcément plus : << J'étais déjà capitaine en 98/99, mais j'avais moins à intervenir car nous marchions bien. Là, j'essaye de m'investir pour remettre les choses à plat. Nous devons prendre conscience définitivement de nos qualités et faiblesses, et composer avec. La réforme du système prônée par Fokine va dans ce sens et a déjà eu quelques effets positifs à Amiens. Mais les trois lignes offensives se découvrent et manquent de repères. >>

Grâce au week-end de repos (Grenoble-Reims prévu samedi se disputera mardi 31 octobre), les Brûleurs de Loups ont travaillé leurs combinaisons, et la tactique de chaque bloc. << Il me paraît évident que nous ne sommes pas à notre place, car on est très proche de nos adversaires. Il manque juste ce "truc" qui fait la différence et qui nous est seulement arrivé contre Angers (victoire 3-2), alors que nous n'avions pas été meilleurs que face à Amiens (défaite 4-3 à Grenoble). Nous avons devant nous une série de trois rencontres (à Viry, puis réceptions de Rouen samedi, et Reims mardi), sans droit à l'erreur. >>

Désemparés par la tournure des événements, mais surtout pas résignés, les Grenoblois rêvent tout haut d'un retour en force, qui doit les amener autour de la 5è place. Un objectif qui n'a rien d'utopique, mais rien d'une sinécure non plus.

Jean-Benoît Vigny

 

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