Chacun ses responsabilités

 

Article de Sud-Ouest (19 septembre 2000).

Malgré les remous financiers de l'été, l'entraîneur aborde la nouvelle saison confiant. Il est convaincu que l'Hormadi (qui reçoit Caen ce soir à 20 heures) a les moyens de terminer dans le dernier carré.

Karlos Gordovil a connu bien des fins de mois difficiles et des liquidations judiciaires. A Bordeaux, maintenant à Anglet. Mais la passion a toujours pris le pas sur la désillusion. Alors le coach repart gonflé. Prêt à relever un nouveau défi et à jouer les play-off avec une équipe en laquelle il a confiance si chacun y prend ses responsabilités.

SUD OUEST - Comment s'est déroulé l'été ?

KARLOS GORDOVIL - Nous avons commencé les entraînements officieusement le 31 juillet. Officiellement le 13 août. Ça n'a pas été simple au départ parce que nous avions plusieurs stages avec l'équipe de France. Mais cela m'a tout de même permis de mieux connaître ceux qui seront les futurs joueurs de l'Hormadi. En fait, cette pré-saison a été très différente de celle des années précédentes. Pour les raisons que j'invoque mais aussi parce que nous n'avons finalement disputé que deux matches amicaux de préparation. Si bien que nous avons toujours joué sur une petite glace et le premier déplacement sur une grande glace (ndlr : samedi dernier à Rouen) n'a pas été facile à gérer.

SUD OUEST - Vous avez tout de même perdu des joueurs importants cet été ?

KARLOS GORDOVIL - C'est vrai. Nous perdons cinq joueurs parmi lesquels Roger Dubé ou Dominique Ducharme. mais nous avons gardé notre base de défense. Et devant nous passons de trois lignes de qualité à deux lignes de qualité. Cela va permettre aux attaquants de prendre leurs ersponsabilités. Et il le faudra. Et puis, si on y regarde de plus près, nous sommes l'équipe qui a subi le moins de changements par rapport à la saison dernière.

SUD OUEST - Recruter, c'était hors de question ?

KARLOS GORDOVIL - Bien sûr que j'aurais eu besoin de deux ou trois attaquants supplémentaires, mais ne pas avoir recruté est finalement un gage de sérieux. Je n'ai d'ailleurs rien demandé aux dirigeants. Et puis, je le répète, les joueurs qui sont restés doivent prendre leurs responsabilités. Nous allons aussi donner la possibilité à certains juniors de s'exprimer. Eux aussi devront bien comprendre que s'ils jouent ce n'est pas parce qu'il n'y a personne pour jouer, mais parce qu'ils ont des qualités pour évoluer à ce niveau. Nous sommes dans un pays où l'on aime se battre pour un maillot, pour des couleurs. Prouvons-le !

SUD OUEST - N'est-ce pas usant pour un entraîneur d'être confronté pratiquement tous les ans à ce genre de problèmes ?

KARLOS GORDOVIL - Je ne peux pas dire le contraire... Mais il y a toujours quelque chose qui te pousse à repartir. Quelque chose qui ranime la flamme. La semaine dernière encore, je n'ai lu que des informations négtaives sur le hockey français (ndlr : l'entraîneur fait référence à un article paru samedi dans L'Equipe et faisant état des problèmes financiers de Lyon). Que la Fédération décide d'empêcher Lyon de prendre part au championnat, sous prétexte que le club a dépassé sa masse salariale, je trouve ça très sain. C'est comme pour les arbitres. Avant les arbitres faisaient ce qu'ils voulaient. Ils faisaient leur loi. Cette année la Fédération a dit : < Et le week-end dernier, tous les clubs se sont débrouillés sans eux et il n'y a eu aucun problème. De la même manière, je trouve très bien que l'Hormadi soit désormais géré par une société. Par des gens qui savent ce qu'est une entreprise et une comptabilité.

SUD OUEST - Revenons à la glace. Vous ne disposez pas d'un effectif pléthorique ?

KARLOS GORDOVIL - Nous avons derrière un effectif qui est aussi fort que celui de n'importe quelle équipe du championnat. Et devant, nos joueurs sont désormais aguerris à ce niveau. C'est vrai qu'il faudra faire attention aux blessures. Mais c'est un peu partout la même chose. Toutes les équipes du championnat auront cette année des effectifs limités.

SUD OUEST - Justement, quelles seront les équipes dont Anglet devra se méfier cette saison ?

KARLOS GORDOVIL - Rouen d'abord. Parce que ce sera un des plus sérieux prétendants au titre. Les Rouennais seront dans le haut du tableau. Cependant, au regard du match que nous avons disputé chez eux (ndlr : perdu 5-2), je peux déjà dire que si Rouen est candidat, Anglet ne sera pas loin derrière.

Reims, le champion en titre, a perdu tout son potentiel de première ligne et Caen, le vice-champion, a eu les mêmes soucis.

Amiens a été capable de garder les frères Rozenthal en attaque et s'est offert des renforts étrangers que l'on ne connaît pas. C'est une équipe très jeune. Il faudra vraiment s'en méfier.

Grenoble mélange l'expérience et la jeunesse et a beaucoup de joueurs de qualité devant. Ils sont peut-être un peu faibles défensivement...

Et puis il y a Viry. L'équipe qui ne sera pas capable de gagner le championnat, mais parfaitement apte à le faire perdre à n'importe qui. Viry a été notre bête noire la saison dernière. Je veux croire que cette saison, nous les recevrons avec le respect qu'ils méritent.

SUD OUEST - Et Anglet dans tout cela ?

KARLOS GORDOVIL - Si tout se passe bien, nous devons être parmi les quatre premiers. Le problème c'est que nous sommes six à tenir le même raisonnement ! En fait, ce championnat va être tellement serré que chaque détail aura son importance.

Si nous savons bien gérer les transitions attaque-défense, nous devons faire mal. Cette saison, ça ne sera pas une révolution, mais une évolution. Nous en sommes capables.

Sébastien Marraud

 

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