Mulhouse : bousculer la logique
Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (22 avril 2000).
Des finales, Brest n'en a perdu aucune depuis quatre ans. Tour à tour double champion en Élite, N3 (contre Mulhouse déjà) et N2, les Brestois tenteront la passe de cinq, avec la N1, ce soir chez eux (20h30). Pour les en empêcher, le HC Mulhouse devra être plus que parfait. Pas facile... Battre Brest, les Scorpions de Mulhouse n'y sont pas passés loin mardi, dans une patinoire de l'Illberg pleine à craquer (6-8). Il ne leur aura manqué que deux minutes. Cent vingt secondes pendant lesquelles la fatigue de play-offs et de demi-finales difficiles s'est faite sentir. Pour s'extirper du "huit majeur" de la Nationale 1, le HC Mulhouse a en effet dû batailler. Attendant l'avant-dernière journée avant d'être sûr de la récompense. Patientant jusqu'au jour ultime dans l'espoir d'une place meilleure en demis.
Dans l'adversité
Ensuite, il y eut deux demi-finales casse-pattes pour les Mulhousiens. Résultat : deux joueurs clefs sortis - Konstantinidis et Neckar -, un petit paquet plus ou moins sérieusement touché - Pommier, David, Flinck, Boirin - autant dire que Pascal Ryser, le coach mulhousien, n'est pas prêt de voir son rêve se réaliser : << J'aurais quand même bien aimé voir ce que mon équipe au complet ferait contre Brest. >> Un vœu pieux qui, d'ailleurs, ne sera pas arrivé souvent cette saison. Tant les bobos se sont succédés. Malgré tout, ce mental surhumain que les Scorpions ont offert à l'aller vient aussi de leurs blessures internes. Dans l'adversité, les "insectes" du Bollwerk ont trouvé des ressources insoupçonnées pour des joueurs que leurs détracteurs n'hésitent pas à qualifier de "mercenaires". C'est en tout cas ce sobriquet que les Villardiens ont trouvé pour parler des hockeyeurs mulhousiens.
Ne rien lâcher
Ainsi, un Laurent Wyss, si irrégulier jusque là - à Briançon comme contre Dunkerque - n'a pas démérité depuis qu'il a pris la place, en cours de jeu, du titulaire Neckar. Ainsi encore, un Flinck diminué a su remplir son rôle de patron de la glace, imprimant le rythme à son équipe, calmant le jeu quand il le fallait et s'imposant certainement comme l'homme du match mardi soir. Des exemples de bravoure, de dévouement et d'énorme volonté, les joueurs de Mulhouse en avaient à revendre ce soir-là. Malgré tout, cela n'a pas suffi. Cela le pouvait-il face à ce qui, sans contexte, se fait de mieux en N1 française cette saison. Brest pourrait rivaliser avec l'Élite. Mulhouse aurait encore un peu de mal. Or, pour espérer s'imposer devant les Armoricains, il faut être plus que parfait. Ne commettre aucune erreur tactique ni technique, jouer à 200% pendant 60', ne rien lâcher devant comme derrière. Bref, réaliser le match de l'année.
Y croire
Tout en espérant, qu'en face, les Brestois ne haussent encore plus leur niveau de jeu. Car, même s'ils n'aiment pas être bousculés et qu'on leur tienne tête, ils sont toujours là. Sans donner l'impression de s'arracher, les Bretons sont suffisamment techniques et expérimentés pour ne pas en avoir besoin. Mais, même si cela n'arrive pas souvent, il arrive aussi aux footballeurs allemands de battre leurs homologues brésiliens. Alors, et si les "teigneux" mulhousiens, adeptes du contre à outrance et chiens de garde des artistes brestois, parvenaient, le soir d'un match, à faire taire toute logique ? Cela paraît impossible. Mais tellement fou qu'on aimerait y croire.
Serge Bastide