Tout près de l'exploit

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (20 avril 2000).

Les Scorpions mulhousiens ont réalisé un grand match mardi soir. En finale aller du championnat de France N1, ils se sont même permis de faire trembler Brest (6-8). Il ne leur aura manqué que deux minutes... Dans la salle de massage, les mines sont renfrognées, les corps épuisés, les âmes fatiguées. Seul l'entraîneur, Pascal Ryser, est heureux : << Je n'ai plus 20 ans comme eux. Vous savez, à 40 ans, on relativise une défaite. Et puis, une défaite comme celle-là, elle ne me fait pas mal au ventre. >> Perdre contre Brest n'a rien d'infamant. A condition d'y mettre la manière. Or, mardi soir, elle fut là. Devant une foule d'environ 2000 personnes, les Scorpions mulhousiens ont livré un grand match. Il ne leur a manqué que deux minutes.

<< Du grand hockey >>

<< On avait laissé trop de forces à Villard. >> Contrairement à Brest, à l'effectif plus riche et mieux fourni. << Je me mets à la place des gars. Ce doit être terrible : si tu lâches le palet, tu est sûr que derrière, ça fait goal. Ils savent profiter de la moindre erreur. A chaque fois, elle s'est payée cash. >> Il n'y avait qu'à voir les trois premiers buts, lors du tiers-temps d'ouverture : << Trois fautes de position, trois goals ! On le savait. Avec eux, il fallait éviter le moindre écart. >> Normal : << La moitié de l'équipe a l'expérience de la Coupe d'Europe ! Chez nous, ce n'est pas encore le cas. >> En l'absence de Konstantinidis et Neckar, les "survivants" sont allés au bout d'eux-mêmes. Se jetant sur chaque palet comme des morts de faim. Sautant sur la moindre crosse adverse bien placée et plongeant tous ensemble à chaque tir. Mais, ce rythme de fou, ils ne l'ont pas tenu. << Pendant deux tiers et demi, on a joué du grand hockey. On a montré ce qu'on était capable de faire. Mais, franchement, il était difficile de faire plus. Au moins, on a tout essayé. On a tenté notre chance. >>

<< Tout peut arriver >>

Tant pis si cela n'a pas marché : << On est en finale du championnat de France, que diable. Si on n'essaye pas tout à ce moment-là, c'est grave ! Ce que je voulais, c'est que les gars puissent se regarder dans leur glace. Croyez-moi, ils ne pouvaient pas faire plus. Je suis fier d'eux. On a prouvé quelque chose ce soir - mardi. >> Au point de sérieusement faire douter Brest. Et de les énerver. C'est qu'ils ne sont pas vraiment habitués à être serrés d'aussi prêt, surtout dans les matchs terminaux. A Briançon, en demi-finale, avec une score de 8-1, ils avaient plié tout suspense. Sans que Briançon ait besoin de mal jouer pour autant. << Le problème avec les joueurs de Brest, c'est qu'ils s'énervent mais ils restent toujours sûrs d'eux. Ils savent qu'au bout d'un moment, cela va finir par passer. >> Pourtant, il n'y avait qu'à voir leurs cris de joie-soulagement aux 7è et 8è buts pour comprendre que, quand même, ils ont eu peur mardi. Sans doute ont-ils mésestimé les Scorpions. << Vous savez, dans un match de hockey, tout peut arriver. Deux buts, cela se rattrape. L'avant-dernière fois qu'on est allés là-bas, on avait gagné 4-1. >> Décrocher le titre à Brest ne serait plus une performance, mais l'exploit de la saison.

 

HC Mulhouse 6 Brest 8

Illberg. 2 000 spectateurs. Tiers-temps : 3-3, 3-2, 0-3. Arbitres : MM. Forget, Henry et Rouèche.

Les buts : Boirin (6è, David), David (10è, Schweiss), Piquemal (13è), Flinck (29è, Turcotte), Faith (31è, Turcotte), Renier (38è, Trebaticky et Flinck) pour Mulhouse; Galarneau (6è), Bertrand (9è), Takala (12è), Ijäs (22è), Ijäs (28è, Galarneau), Baillard (47è, Legon et Niedziolka), Koïvisto (58è, Bertrand et Chaisson), Takala (59è, Ijäs) pour Brest.

Pénalités : 6' (3x2') à Mulhouse; 12' (6x2') à Brest.

Serge Bastide

 

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