La fédération va remettre toutes les divisions à plat
L'élite tend les bras à Grenoble
Article du Dauphiné Libéré (1er mars 2000).
La Fédération Française des Sports de Glace souhaite (enfin) mettre en adéquation les ambitions du hockey tricolore à ses modestes moyens. Dans ce contexte, une candidature solide pour l'élite des Brûleurs de Loups pourrait être acceptée la saison prochaine.
<< Franchement, le hockey pouvait-il continuer dans cette voie ? questionne Éric Ropert vice-président de la FFSG. Ce sport ne dispose d'aucune réelle structure et ne génère pas d'argent. Pire, il en perd régulièrement. Outre les 22 MF des dettes cumulées de l'élite, pensez qu'en Nationale 2 (le troisième niveau national), trois clubs se sont retirés en cours de saison pour des problèmes financiers ! >> Le constat que Ropert a tiré de la situation est sans équivoque, il l'a expliqué clairement aux présidents d'élite et certains de N1, convoqués samedi dernier. << Soit on fait du business avec une discipline génératrice de bénéfices et c'est impossible aujourd'hui, soit on revient à plus de sagesse en essayant, sur six ans, de faire du hockey un sport viable, qui sera alors à même de devenir professionnel. Nous devons par ailleurs nous pencher sérieusement sur la formation et le passage de juniors à seniors. >>
Évidemment, ces propos que la France du palet attendait depuis des lustres demandent encore confirmation. Mais toujours est-il qu'ils existent et semblent aller dans le sens de la mesure que nous réclamons depuis des années. << Nous n'avons pas les moyens d'être professionnels. Seule une quarantaine de joueurs parvient aujourd'hui à en vivre. Pour les autres, la situation est perverse : ils ne gagnent pas suffisamment mais n'ont pas le temps de faire autre chose parallèlement. >> Une situation absurde à laquelle il fallait bien remédier, même si, en l'état, on revient quelques années en arrière.
Ainsi, tous les championnats seront remis à plat l'an prochain, de l'élite à la D3, en s'attaquant prioritairement aux deux premiers niveaux, avant de s'affairer sur la N2 et D3 dans les prochaines années. Ainsi seront créés des championnats type "Pro A - Pro B", avec montée et descente. L'élite regroupera plus de clubs, si les candidats satisfont aux exigences financières de la Fédération, sans doute entre 12 et 16. Les matchs se dérouleront uniquement le week-end, quitte à disputer moins de rencontres sur la saison. << Les joueurs pourront ainsi conjuguer plus facilement vie professionnelle et sport de haut niveau, poursuit Eric Ropert. Mais la formule n'est pas encore arrêtée et nous n'élargirons pas l'élite pour l'élargir. Il faudra de la cohérence et un budget correct. Nous avons formé des groupes de travail, avec d'anciens joueurs internationaux comme Pierrick Maïa, et des membres de la Fédération, pour mettre en place un cahier des charges, qui devra être approuvé par l'assemblée générale de la Fédération en juin. Mais nous espérons présenter le projet définitif début mai. >>
C'est là qu'intervient le cas grenoblois. Les Brûleurs de Loups, dont la SAOS a été liquidée en juin dernier, avaient été rétrogradés en D3. Mais cette refonte complète des divisions leur permet d'envisager une réintégration directe au sein de l'élite. Un objectif qu'ils poursuivent depuis longtemps, et pour lequel ils s'attellent sans relâche, tant auprès du public, des collectivités que de leurs sponsors, qui ont poursuivi leur collaboration dans cette optique. << Nous réfléchissons effectivement à l'insertion de certains clubs (Grenoble, mais aussi Brest, Mulhouse voire Bordeaux) directement en élite >>, confirme le vice-président.
<< Ça nous ouvre des portes, souligne Jean-Jacques Bellet, car nous, comme la mairie, n'avons jamais caché notre ambition de remonter en élite l'an prochain. Nous y travaillons mais nous attendrons d'avoir le cahier des charges (ndlr : outre un calendrier moins chargé, on parle de limitation de la masse salariale, de quotas d'étrangers, etc...) pour boucler notre budget. >>
Quoiqu'il en soit, cette nouvelle perspective offre sans doute des lendemains plus heureux pour le hockey grenoblois. Retrouver le haut niveau, avec une patinoire flambant neuve à l'horizon, il y a bien longtemps que les Brûleurs de Loups n'avaient pas vu l'avenir avec autant d'optimisme.
Jean-Benoît Vigny