L'optimisme de Sabourin

 

Article du Dauphiné Libéré (10 février 2000).

L'entraîneur français veut placer les Bleus sur l'orbite olympique. Un défi à la mesure d'un groupe qu'il a découvert avec étonnement cet été.

La trentaine haletante, l'accent chantant des cousins québécois, Stéphane Sabourin savoure aujourd'hui le chemin accompli. Pourtant, dire qu'il n'avait pas la partie facile quand il s'est emparé des commandes de l'équipe est un doux euphémisme. L'homme succédait un peu dans la hâte à Lundström, avec une génération vieillissante et les défections dans la foulée de Lemoine, Poudrier et Pouget. Trois éléments du premier bloc qui disparaissaient d'un coup. << Mais j'ai trouvé un groupe réceptif et des jeunes qui possédaient plus de qualités que je ne pensais >>. Lui qui avait entraîné la modeste formation de Viry, éternelle dernière en Ligue Élite, ne s'attendait pas à un tel réservoir : << J'espérais insuffler des jeunes peu à peu dans la compétition. Je ne les savais pas aguerris à ce point. >> Ces talents naissants se nommèrent il y a quelques mois Laurent Meunier, Julien Pihant ou Baptiste Amar, et voilà que se révèlent déjà le défenseur amiénois Mathieu Mille ou le gardien briançonnais Julien Figved : << Il fallait seulement leur accorder leur chance, affirme Sabourin. Je crois qu'on avait trop laissé certains hommes en place, sans ouvrir la porte à la relève. Et surtout, j'ai pu percevoir ce que l'entité "groupe France" représente ici. De l'extérieur, on ne s'en aperçoit que modérément. >> Ce pari sur l'avenir, Sabourin l'a lancé avec le nouveau manager, Nano Pourtier, qui s'est acclimaté au hockey comme au bobsleigh en son temps : << Avec lui, la fédération nous a donné des moyens pour réussir. Et l'assainissement des mœurs en Ligue a contribué à cet élan. >>

Pour autant, l'urgence commande toujours les destinées nationales. Après des barrages pour rester en groupe A mondial, les Bleus se voient proposer un nouveau défi : les Jeux Olympiques 2002. Un échéance barrée d'obstacles, à commencer par cette préqualification en Pologne : << C'est une étape que nous devons prendre avant de nous attaquer aux championnats du monde. Lors du stage à Saint Gervais (4-6 février), j'ai trouvé un groupe assidu, et nous avons pu faire un tour exhaustif de notre tactique. >> A commencer par la défense, objet toutes les attentions : << La France dispose de joueurs créatifs, rapides. Mais pour développer de telles offensives, il faut savoir récupérer le palet pour augmenter nos temps forts. >>

Depuis six mois qu'il préside aux destinées, Sabourin a mis en place un état de "confiance réciproque". Un esprit qui permet aujourd'hui à Patrick Rolland, gardien de Villard-de-Lans (Nationale 1), d'être en concurrence avec Cristobal Huet, portier des champions suisses de Lugano : << L'habileté, les pourcentages d'arrêts, sont plus importants que l'âge. Je veux une émulation constante dans tous les secteurs. Et depuis mon arrivée, la sélection a pris un envol incroyable. >> Pas avare de compliments, Sabourin n'en oublie pas de citer la figure de proue de son groupe : Philippe Bozon : << Avec son palmarès, son parcours en Europe comme en NHL, il pourrait être blasé. Mais non, il est habité d'un désir d'aller au bout de son rêve. Le sien, c'est les Jeux >> (à Salt Lake City, il participerait à ses quatrièmes J.O. ! ).

Dès aujourd'hui, la France livrera face à la Pologne un combat intense. Mais, si la hiérarchie est respectée, le visa olympique se jouera dimanche, contre la Grande-Bretagne. Une équipe anglaise physique, qui s'appuie sur l'assise défensive de ses Canadiens importés.

<< Mais nous sommes lancés, prévient Sabourin. Comme un T.G.V. ! >>

Jean-Benoît Vigny

 

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