Pour Huet, l'aventure continue

 

Article du Dauphiné Libéré (24 décembre 1999).

Gardien titulaire à Lugano et en équipe de France, Cristobal continue son formidable parcours.

Là-bas, dans le Tessin, la vie coule tranquillement pour "Cristo". Débarqué en 98 sur cette côte d'azur suisse, avec pour seul palmarès un titre de champion de France qui ne signifie pas grand-chose chez nos voisins, Cristobal devait relever un défi majeur. Celui de sa carrière. Alors qu'il aurait pu choisir la voie de l'Allemagne, plus aisée car le nombre d'étrangers est illimité, il a découvert un environnement sans concession. Dans un championnat qui n'autorise que trois étrangers (Européens compris) sur la glace, se faire une place au soleil constitue un premier obstacle.

Patiemment l'an passé, il a tâché de convaincre les sceptiques, qui ne voyaient pas en lui un véritable concurrent à Lars Weibel, gardien de Lugano depuis de nombreuses années et figure locale. Pourtant, à la faveur d'une fin de saison époustouflante, Cristobal a simplement fait montre de son talent. Les play-offs emballants qu'il réalise alors, avec un pourcentage d'arrêts de 97 %, contribuent à l'installer au poste, définitivement. A tel point que Weibel songe à partir l'an prochain pour retrouver des cages à lui !

Pour autant, Cristobal n'a pas changé. Toujours cette égale humilité, cette modestie à toute épreuve que rien ne saurait bouleverser. Un comportement que beaucoup considèrent à la base de sa réussite. Aujourd'hui, les 5000 spectateurs qui garnissent en moyenne la patinoire de Lugano, se réjouissent de ce choix. D'autant que le titre helvète n'a pas changé la donne : le HCL poursuit sa folle cavalcade en tête du championnat. A mi-parcours, il possède six points d'avance sur son poursuivant immédiat : << Nous n'avons pas connu de mauvaise série, malgré un calendrier délicat. Mais le réservoir de joueurs est important et l'effectif est bien géré. Cela dit, on ne s'enflamme pas car l'an passé, nous n'étions pas aussi bien classés et nous sommes devenus champions. L'objectif, ça reste les play-offs. >>

Fort de son titre, Lugano (où évolue avec brio Philippe Bozon depuis cette année) dispute également la Ligue européenne et a décroché sa qualification pour les quarts de finale (contre Bratislava en janvier) : << On a eu un peu de chance, car si nous avons battu Amiens (deux fois), Moscou et Nuremberg à la maison, il nous a fallu compter sur un succès des Allemands en Russie lors de la dernière journée. Mais passer ce cap représente une grosse satisfaction. >>

Sa réussite personnelle a amené sa hiérarchie à lui proposer une reconduction de contrat, jusqu'en 2001. Malgré des propositions en Allemagne, Krefeld notamment (l'équipe de Barin et Ouellet), il a préféré rester en Suisse : << Compte tenu du règlement, jouer en Suisse est un privilège pour un étranger. Je suis d'ailleurs l'un des rares renforts à n'avoir jamais joué en NHL ! >> Et l'Amérique justement ? << Ce n'est pas d'actualité. Je dois progresser et j'ai des ambitions européennes. Et puis, je n'ai pas été drafté. >> Comment Lugano aurait-il pu se passer de celui qui est en train de battre des records ? Recors d'invincibilité dans la Ligue (quasiment quatre matchs d'affilée sans encaisser le moindre but !) et de blanchissages : << Le record, c'est sept matchs. A mi-saison, j'en suis à six, alors j'espère l'égaler puis le dépasser. >> Pour l'heure, il s'apprête à rejoindre l'équipe nationale, pour le tournoi du Mont Blanc (du 27 au 29 décembre). Une sélection avec laquelle il s'est maintenu difficilement en groupe A, lors des barrages à Amiens : << Le bilan, pour l'instant, n'est pas négatif. Mais on a vu à Amiens qu'il ne fallait pas se relâcher. Nous n'avons pas les moyens de flamber. >> Une leçon à l'image du personnage : toujours sur le qui-vive pour mieux affronter les échéances qui lui sont proposées.

Jean-Benoît Vigny

 

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